Depuis le début de la guerre, l'Ukraine tente d'attaquer et d'affaiblir la Russie au moyen de drones et de petites unités. Mais cette fois, il semble qu'elle envisage des combats de plus grande envergure.
Selon la Russie, plusieurs centaines de soldats ukrainiens ont tenté de franchir la frontière dans la région de Koursk. Que prépare exactement Kiev? Blick répond aux principales questions.
Que s'est-il passé?
Dans la région de Koursk, au sud de la Russie, des habitants ont fait état sur les réseaux sociaux de graves attaques ukrainiennes. Au moins 18 personnes ont été blessées par des drones de combat, a annoncé le gouverneur local Alexeï Smirnov sur la plateforme Telegram. Des vidéos diffusées en ligne montrent notamment un camion-citerne brûlé à un endroit non précisé. Au total, 26 drones ont été abattus.
Mercredi midi, heure suisse, après les attaques ukrainiennes sur l'oblast de Russie occidentale, les autorités ont évacué des milliers de personnes de la région frontalière, selon les indications d'Alexeï Smirnov. «Plusieurs milliers de personnes ont quitté la région sous les bombardements avec notre aide», a-t-il déclaré dans un message vidéo publié sur Telegram.
Qu'est-ce qui diffère des attaques habituelles menées par l'Ukraine?
Selon la Russie, ce ne sont pas seulement des drones qui ont été mobilisés. Selon le ministère russe de la Défense, environ 300 soldats, onze chars et une vingtaine d'autres véhicules blindés ont participé à l'attaque. Le ministère a indiqué avoir détruit 16 véhicules. On dénombre au moins trois morts et 28 blessés parmi les civils, ont annoncé les médias russes après avoir reçu des informations des autorités et des médecins.
Les tentatives de percée sur le territoire russe auraient échoué, selon les mêmes sources. Les combats se poursuivent depuis ce mercredi, a notamment indiqué le ministère de la Défense à Moscou. Les avions de combat russes ont soutenu les troupes au sol.
Alors que le ministère de la Défense ne donne que peu d'informations sur la situation dans la région, des blogueurs militaires russes ont affirmé qu'il s'agissait d'une attaque à part entière des forces armées ukrainiennes. Celles-ci auraient également fait des soldats russes prisonniers et se seraient installées dans certaines localités de la région de Koursk, selon les différents canaux Telegram des blogueurs.
Quelles sont les pertes?
Des canaux russes pro-guerre ont fait circuler des enregistrements vidéo montrant plusieurs véhicules blindés ukrainiens fracassés, ainsi que des enregistrements de deux Buk SAM (système de missiles) ukrainiens qui auraient été touchés dans la région de Soumy, comme le rapporte la BBC russe.
Ils admettent par ailleurs la perte d'un hélicoptère russe Ka-52 et assurent que son commandant a été tué. Ils rapportent qu'un autre hélicoptère a été touché, mais qu'il a pu atterrir en toute sécurité.
Une photo d'un chalutier détruit avec deux chars T-62 a été publiée sur les réseaux sociaux ukrainiens. Des enregistrements vidéo ont aussi fait leur apparition, montrant prétendument six soldats russes capturés dans la région de Koursk. Il s'agirait pour au moins deux d'entre eux de conscrits et pour un autre d'un soldat sous contrat. Les informations fournies par les belligérants n'ont pas pu être vérifiées de manière indépendante.
Qui est derrière l'attaque contre la Russie?
Ce point reste à éclaircir. L'Ukraine ne s'est pas encore exprimée sur cette attaque. Ce n'est toutefois pas la première fois qu'un tel événement a lieu. Par le passé, des combattants du Corps des volontaires russes et de la Légion de la liberté russe – tous deux déclarés organisations terroristes et interdits en Russie – ont attaqué le territoire des régions de Bryansk, Koursk et Belgorod.
Pourquoi une attaque aussi massive se produit-elle maintenant?
Les experts supposent qu'il s'agit d'une sorte de manœuvre de diversion. Il se pourrait que d'autres attaques de ce type suivent, afin de détourner les troupes russes d'autres points chauds sur le front, notamment dans les régions de Kharkiv et Donetsk. Cela pourrait aussi détourner l'attention d'une opération de plus grande envergure prévue sur une autre partie du front.
Le blogueur militaire et politique russe Youri Podoliaka évoque déjà un «front de Koursk». Son pronostic est que d'autres attaques suivront dans la région. «Les combats seront brutaux», prévient-il.
Selon des observateurs militaires, les troupes russes n'étaient que faiblement déployées dans la région frontalière, ce qui a permis aux combattants ukrainiens de s'y infiltrer facilement. Par le passé, de telles percées avaient eu lieu du côté ukrainien dans la région de Belgorod. Les actions ont été revendiquées par des bataillons de volontaires composés de Russes, mais combattant aux côtés de l'Ukraine. Selon les experts, l'objectif de l'Ukraine pourrait être de détourner les troupes russes des attaques dans la guerre contre le pays voisin.