Le présentateur américain Tucker Carlson, un proche de Donald Trump, a frappé un grand coup mardi en annonçant qu'il interviewerait prochainement Vladimir Poutine. «Nous sommes ici pour interviewer le président de la Russie, Vladimir Poutine», a déclaré depuis Moscou la star conservatrice, dans une vidéo publiée sur X.
Tucker Carlson est un journaliste controversé mais très célèbre aux Etats-Unis, récemment limogé de la chaîne Fox News, très populaire chez les conservateurs. Il anime depuis une émission, rediffusée sur X.
Accusé de populariser des thèses complotistes et racistes
A la tête de «Tucker Carlson Tonight» entre 2016 et 2023, le quinquagénaire était devenu l'une des voix les plus influentes de l'Amérique conservatrice, accusé de populariser des thèses complotistes et racistes.
Le journaliste est aussi connu pour être très proche de Donald Trump, ancien président républicain bien parti pour affronter Joe Biden à la présidentielle américaine de novembre. Le présentateur n'a pas indiqué précisément quand l'interview avec Vladimir Poutine aurait lieu, ni quand elle serait diffusée. «Nous ferons ça prochainement», a-t-il simplement fait savoir.
Les rumeurs allaient bon train sur la possibilité que cet entretien ait lieu, plusieurs chaînes Telegram ayant fait état ces derniers jours de la présence de Tucker Carlson dans la capitale russe.
Invité par l'Union russe des journalistes
Les médias d'Etat russes ont abondamment couvert la visite du présentateur, publiant notamment des photos de lui à l'aéroport et au célèbre théâtre du Bolchoï, où il a assisté au ballet «Spartacus».
Selon les médias publics russes, il a également été aperçu à une exposition consacrée aux régions russes à Moscou, a été invité par l'Union russe des journalistes à intégrer ses rangs ou encore à se rendre en Crimée annexée. Cette attention a suscité de nombreuses plaisanteries et messages satiriques sur les réseaux sociaux russes.
«Notre devoir est d'informer les gens»
La rédactrice en chef de la chaîne pro-Kremlin RT, Margarita Simonian, avait affirmé dès août 2023 que Tucker Carlson «souhaitait vivement une interview avec (Vladimir) Poutine». Interrogé mardi sur la visite du présentateur américain, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a lui refusé de commenter les «déplacements de journalistes étrangers».
Dans sa vidéo de quatre minutes, Tucker Carlson détaille toutes les raisons l'ayant mené à réclamer cet entretien. «Voici pourquoi nous le faisons», lance-t-il. «D'abord, parce que c'est notre travail, nous faisons du journalisme, notre devoir est d'informer les gens.»
«La plupart des Américains ne sont pas informés, ils n'ont aucune idée de ce qui se passe dans la région, ici en Russie ou à 950 km de là, en Ukraine. Ils devraient pourtant le savoir, car ils en paient une grande partie», a-t-il jugé.
Critique du soutien américain à l'Ukraine
Au cours des derniers mois, Tucker Carlson s'est plus d'une fois montré critique du soutien américain à l'Ukraine, face à l'offensive russe. Ce soutien fait d'ailleurs l'objet de vifs débat au Congrès américain où les républicains proches de Donald Trump refusent de débloquer des nouveaux fonds pour Kiev, réclamés avec insistance par le président Biden et son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.
Reprenant un discours hostile aux médias grand public, honnis par beaucoup à droite, il a affirmé que les populations des pays anglophones étaient mal informées sur le conflit en Ukraine et ses conséquences.
«Elles pensent que rien n'a vraiment changé. Et elles pensent cela parce que personne ne leur a dit la vérité. Leurs médias sont corrompus», a-t-il lancé.
Une interview qui comporte des risques
Il a notamment critiqué les interviews menées par les médias américains du président Zelensky, les qualifiant de «flagorneuses». Il a précisé avoir lui-même demandé une interview à Zelensky. Tucker Carlson a par ailleurs évoqué certaines des modalités autour de l'interview, affirmant entre autres avoir payé son voyage lui-même.
«Il y a évidemment des risques à mener une interview comme celle-ci. Nous y avons donc soigneusement réfléchi pendant plusieurs mois», a-t-il dit. «Nous ne sommes pas ici parce que nous aimons Vladimir Poutine. Nous sommes ici parce que nous aimons les Etats-Unis. Nous voulons qu'ils demeurent prospères et libres», a-t-il conclu.
L'annonce de l'interview a provoqué des remous aux Etats-Unis où de nombreux journalistes ont évoqué le sort de leur confrère américain du Wall Street Journal Evan Gershkovich et de leur consoeur russo-américaine de Radio Free Europe/Radio Liberty (RFE/RL) Alsu Kurmasheva, tous deux arrêtés en 2023 en Russie et détenus depuis.
(ATS)