Mauro Poggia veut des tests payants
«Trop facile de vouloir vivre normalement sans aucun effort personnel»

Comme en 2020, c'est par Genève que la flambée des cas en Suisse reprend. Le Conseiller d'Etat Mauro Poggia n'est pas dans une philosophie d'urgence. Pour lui, en revanche, les tests doivent devenir payants.
Publié: 22.07.2021 à 06:04 heures
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Dernière mise à jour: 22.07.2021 à 09:31 heures
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Grégory BeaudJournaliste Blick

Avec une incidence sur les sept derniers jours de 144 cas pour 100’000 habitants, Genève est de loin le canton le plus touché par la reprise de la pandémie de coronavirus. A titre de comparaison, la moyenne nationale se situe au-dessous de 50/100'000, tandis que le second canton le plus touché est Glaris avec 71/100’000.

Cette situation est le parfait miroir de l’automne 2020. Après un été calme, la deuxième vague avait fait son entrée en Suisse par le bout du Léman. Comment expliquer la répétition de ce schéma? Genève doit-il réagir plus fermement que d’autres cantons? Mauro Poggia, Conseiller d’Etat genevois, ne le pense pas. Il suit d’autres chemins pour endiguer cette nouvelle recrudescence des cas mais n'exclut pas des mesures incitatives à la vaccination.

Mauro Poggia, comment expliquer que les vagues reprennent systématiquement depuis Genève?

Genève, avec sa porosité avec la France et son environnement international, a toujours été une porte d’entrée idéale pour ce virus. Comme depuis 18 mois, ce qui se passe à Genève est l’anticipation de ce qui va s’étendre au reste de la Suisse romande, puis de toute la Suisse. Contrairement à ce que certains cantons suisses alémaniques ont pensé lors de la première vague, mais moins lors de la deuxième, ce n’est pas le comportement moins responsable de la population genevoise qui explique ce phénomène.

Votre canton n'est donc qu'un précurseur?

Oui, Genève représente ce qui va se produire ailleurs en Suisse, notamment lors des retours de vacances. Il ne s’agit pas de s’affoler, mais de constater quelle est la population qui est le plus contaminée actuellement.

A Genève, ce sont clairement les jeunes qui participent à ce retour de flamme. Les 20-29 ans ont par exemple une incidence à près de 350 cas pour 100’000 habitants.

En effet, les jeunes de cette tranche d’âge pensent que le risque est pour eux plus faible de développer une forme grave de la maladie. Ils ont raison. Mais les formes de COVID long les touchent davantage, et on en sait peu encore à ce sujet.

Comment remédier à la propagation du virus dans la population et chez ces personnes en particulier?

Il faut que l’on arrête d’accepter des tests antigéniques négatifs pour faire la fête, et les tests PCR doivent être payants. Il est trop facile de vouloir vivre normalement sans aucun effort personnel, le tout aux frais de la collectivité. Je suis certain que si les tests deviennent payants, les vocations à la vaccination vont augmenter. C’est bien la preuve que pour de nombreux jeunes – et moins jeunes d’ailleurs –, ce n’est pas une opposition de principe mais de confort. Il n’est pas tenable de dire d’une part que la vaccination est le seul moyen véritablement efficace pour éviter collectivement la propagation du virus, et, d’autre part, d’offrir des tests gratuits à ceux qui ne veulent pas se faire vacciner.

Genève doit-il prendre des mesures d’urgence en anticipant les éventuelles annonces du Conseil fédéral?

Actuellement, nous ne constatons pas d’augmentation du nombre d’hospitalisations et, donc, d’arrivées aux soins intensifs. Prendre des mesures d’urgence cantonales ne fait dès lors pas sens. En revanche, si la situation devait changer rapidement, il serait faux d’exclure des mesures incitatives à la vaccination, tout en laissant son caractère facultatif. Si le droit de ne pas se vacciner est reconnu, il faut que ce choix implique des conséquences individuelles dans les circonstances actuelles, avant que ce soit la société tout entière qui doive être pénalisée.

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