L'ambiance était au mauve sur l'esplanade de Montbenon, devant le Palais de justice. Mauves les t-shirts, mauves les masques, mauves les pancartes et mauves les banderoles accrochées aux deux lions encadrant l'entrée du tribunal.
«Ras-le-viol - Si c'est pas oh oui, c'est non», «La Suisse banalise - La Suisse minimise» ou encore «Vie violée, destins volés, alors pourquoi l'impunité?»: les slogans étaient sans ambiguïté. Les manifestantes réunies par la Grève des femmes Vaud et le mouvement «Pas sans mon consentement», ont ainsi crié leur colère face à la façon dont le viol est sanctionné en Suisse.
«Un violeur ne risque guère plus qu'un voleur de téléphone portable», a lancé une des oratrices. Au-delà de l'affaire bâloise, les militantes ont appelé à l'introduction du consentement à l'occasion de la révision du Code pénal. Actuellement, cette loi datant de 1937 ne réprime le viol que s'il y a eu contrainte.
11 minutes de silence sous un soleil de plomb
Par solidarité avec leur «soeur» bâloise et en réaction aux propos de la présidente de la Cour d'appel qui avait notamment justifié la clémence des juges par la courte durée du viol, les participantes ont observé 11 minutes de silence, assises sous un soleil de plomb.
Les manifestantes ont ensuite entonné une chanson en espagnol, d'origine sud-américaine, avec pour refrain «El violador eras tu» (le violeur, c'est toi). La réunion s'est terminée sur un appel vibrant d'une femme d'origine africaine: «Dans mon pays, on viole toutes les secondes - Il faut mettre fin à cela».
D'autres manifestations prévues
Le verdict de la Cour d'appel de Bâle, qui a ramené la condamnation d'un violeur de 51 à 36 mois dont une partie avec sursis, a suscité des protestations depuis son prononcé à fin juillet. Le 8 août, quelque 500 personnes se sont rassemblées devant le tribunal. Trois jours plus tard, des manifestantes ont observé 11 minutes de silence devant la fontaine de la Justice à Neuchâtel.
Enfin, une manifestation nationale est prévue le 31 août à Berne afin de faire pression sur les parlementaires qui seront amenés à débattre de la révision du Code pénal.
Le verdict bâlois n'est pas définitif. Le Ministère public et la victime attendent les motivations écrites avant de décider s'ils feront recours au Tribunal fédéral.