Une fois n'est pas coutume, les Suisses devront voter sur le même texte à quelques mois d'intervalle. En juin, ils ont accepté par 60% la loi Covid-19. En novembre, ils devront se prononcer sur ses modifications de mars, qui contiennent la prolongation d'aides financières mais aussi et surtout l'introduction du pass sanitaire.
Le certificat Covid est en effet au coeur des critiques des référendaires, aux premiers rangs desquels se trouvent les Amis de la Constitution. Il divise la société en deux classes, selon eux. Le traçage des contacts et l'extension des pouvoirs du gouvernement sont eux décriés comme menant à «une dictature fasciste».
Les enjeux doivent être rationnels
Face à ces arguments, le Conseil fédéral et les cantons ont appelé lundi à regarder les faits. «Il serait faux de se laisser entraîner par les émotions. Les enjeux de la votation doivent être expliqués rationnellement», a lancé le président de la Confédération Guy Parmelin devant les médias.
«La loi est l'instrument principal de nos efforts contre les conséquences sociales et économiques de la pandémie. Quelque 70 milliards de francs ont déjà été débloqués, principalement pour le chômage partiel et les crédits cautionnés. Les PME, les grandes entreprises, les indépendants, les personnes des domaines culturel et sportif en bénéficient», a poursuivi le ministre de l'économie.
Les modifications de mars ont permis d’étendre les allocations pour perte de gain, les indemnités en cas de chômage partiel ainsi que les aides financières destinées aux crèches et au monde culturel, a-t-il énuméré. De plus, un parapluie de protection a été introduit pour les organisateurs de manifestations importantes.
Une vie sociale aussi normale que possible
Le certificat Covid a quant à lui permis à la population de retrouver une vie sociale aussi normale que possible, a expliqué le ministre de la santé Alain Berset. «Nous pouvons retourner aux restaurants, musées, cinémas. C'est un moyen efficace et accessible à tous permettant de limiter les rencontres aux personnes qui ne sont pas contagieuses ou ont très peu de risques de l'être.»
Les activités économiques peuvent se poursuivre et les emplois être maintenus, a continué le Fribourgeois. «L'alternative, selon l'évolution de la pandémie, c'est de nouvelles fermetures et limitations pour la population, avec les effets négatifs que cela entraîne pour l'économie et la société», a complété Christian Rathgeb, président de la Conférence des gouvernements cantonaux.
Et de souligner que les expériences faites avec le certificat dans les cantons sont très positives. «Les règles sont généralement bien mises en oeuvre et acceptées par la population.»
Important pour les voyages et le tourisme
Le pass sanitaire facilite en outre les voyages en Suisse comme à l'étranger, a relevé Guy Parmelin. Il est particulièrement important pour le tourisme. «Une grande partie de la population mondiale n'a pas accès à un quelconque vaccin», a pointé de son côté Alain Berset. Le certificat restera nécessaire un temps pour pouvoir voyager. Il offre une certaine stabilité pour les mois à venir.
Si le référendum est accepté en novembre, plus aucun certificat ne pourra être émis à partir du 19 mars 2022. Toutes les autres adaptations de mars tomberont également à cette date. Les autres mesures contenues dans la loi Covid-19 seraient maintenues.
Aucun plan B n'est prévu, a indiqué le conseiller fédéral. Il faudrait suivre la procédure normale, qui prendrait beaucoup de temps, pour reprendre certains points.
Les mesures sanitaires de lutte contre la pandémie, comme le port du masque ou les fermetures, pourront elles toujours être poursuivies ou réintroduites, a précisé le ministre de la santé. Elles sont réglées par la loi sur les épidémies, approuvée par le peuple en 2013. Et Alain Berset de prévenir: sans certificat, le risque est plus grand qu'elles reviennent sur la table.
(ATS)