Au sein des groupes Telegram et diverses mouvances opposées aux mesures sanitaires, le fantasme de pouvoir juger les élites désignées comme responsables des mesures liées au Covid-19 ne cesse de grandir. Qu’il s’agisse de politiciens, de responsables publics divers ou de journalistes, les menaces en l’air et les insultes gratuites fusent en ligne.
Ces critiques risquent pourtant de devenir bien concrètes. Plusieurs militants prévoient même de participer aux élections parlementaires de 2023, comme le révélait l'«Aargauer Zeitung» samedi.
Objectif: récolter des signatures dès la fin de l'année
Plusieurs membres de ces groupes souhaiteraient donc lancer une initiative, nommée «Pour réévaluer les dessous de la pandémie de coronavirus» ou «Initiative de réévaluation». Un chat Telegram dédié existe déjà, avec plus de 1400 abonnés.
Les auteurs affirment avoir soumis leur requête à la Chancellerie fédérale pour examen préliminaire le 3 septembre. «Nous espérons pouvoir commencer à collecter des signatures dans 3 à 4 mois, c’est-à-dire en décembre 2021 ou janvier 2022», écrivent ceux-ci.
Interrogée par nos collègues du SonntagsBlick, la Chancellerie fédérale indique que l’examen préliminaire est une procédure confidentielle et qu'elle ne peut donc pas faire de commentaire à ce sujet.
Les autorités politiques sont directement visées
Le texte de l’initiative pourrait décourager plus d'un lecteur: long de presque 18’000 signes, il dénonce le «totalitarisme» et vise à mettre sur pied une «Commission d’enquête suisse». Cette dernière devra juger et faire toute la lumière sur les fautes et les prétendus complots de l'«establishment» politique liés à la pandémie de Covid-19.
Ce faisant, l’organe est censé disposer des pouvoirs de l’Etat et pourrait «en cas d’indices indiquant de possibles crimes et délits, enquêter pour rassembler des preuves et former un acte d’accusation». Ce serait, bien entendu, le comité d’initiative qui serait charger de déterminer la composition de ladite «commission».
Un «tribunal spécial»
Afin de punir les suspects en conséquence, les initiateurs souhaitent créer une nouvelle juridiction: un «tribunal spécial» qui doit remplacer les autres organes judiciaires. Les audiences seraient diffusées à la télévision à la manière d’un tribunal public.
La séparation des pouvoirs? Elle est ignorée. Ce serait au comité de l'initiative que reviendrait également le choix du juge: «Le comité peut voter la révocation des juges à tout moment si, à son appréciation, un jugement est délibérément retardé.»
Les auteurs de l’initiative ne révèlent pas leur identité. Un comble pour des individus voulant faire «toute la lumière» sur des mécanismes politiques.