La Suisse avait été élue en juin dernier par l'Assemblée générale de l'ONU, égalant le meilleur score pour un Etat du groupe de l'ouest de l'Europe. Depuis octobre, elle était associée aux travaux de l'organe en attendant de pouvoir voter dès janvier.
La Suisse s'est préparée depuis dix ans, et plus concrètement depuis quelques mois. «C'est un lieu commun que de dire que la charge de travail est importante au Conseil de sécurité», a admis il y a quelques jours à la presse l'ambassadrice suisse à l'ONU à New York Pascale Baeriswyl.
Pendant longtemps, les oppositions à un mandat seront venues de la politique intérieure. Plusieurs acteurs, dont l'UDC surtout, s'étaient vigoureusement opposés à une élection, arguant que celle-ci affecterait la neutralité du pays. Le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) a affirmé le contraire, à de nombreuses reprises.
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Arrivée dans une période de tensions
De leur côté, les dirigeants de nombreux pays ont accueilli favorablement cette arrivée dans une période de tensions, où la position habituelle suisse comme intermédiaire pourrait être, selon eux, très utile. Mais la guerre en Ukraine a fragilisé la position de la Suisse aux yeux de certains Etats, comme la Russie, qui l'accuse d'avoir violé sa neutralité en s'alignant sur les sanctions contre Moscou.
Désormais, la Suisse est l'un des 10 membres non permanents aux côtés des puissances qui s'appuient sur le droit de veto (Etats-Unis, Russie, Chine, France et Grande-Bretagne). Après une cérémonie mardi, la première réunion de contenu avec Pascale Baeriswyl à la table du Conseil de sécurité aura lieu jeudi prochain. Elle doit porter sur la Syrie.
Pour démarrer ce mandat, l'ambassadrice sera elle assise entre les représentants des Emirats arabes unis et de la Russie, sous la présidence du Japon. La Suisse doit piloter à son tour l'organe pour un mois en mai prochain, puis en octobre 2024, avec la possibilité de donner une tonalité aux discussions dans des mois habituellement «très chargés». Elle est notamment attendue sur les questions humanitaires.
Réunion de haut niveau en mai prochain
Le président de la Confédération Alain Berset devrait diriger en mai prochain une réunion de haut niveau sur la protection des populations civiles. Le 23 mai, un débat ministériel présidé par le conseiller fédéral Ignazio Cassis aura également lieu, avec comme probable thématique les nouvelles menaces pour la paix et la sécurité.
Parmi ses objectifs, outre la protection des populations civiles, le Conseil fédéral a décidé de mettre l'accent sur la paix durable et la sécurité climatique. Il souhaite aussi œuvrer pour renforcer l'efficacité du Conseil, pris souvent en otage des grandes puissances. L'organe exécutif est davantage polarisé encore par la guerre en Ukraine qu'il n'a pu condamner en raison des objections russes, malgré plusieurs tentatives occidentales.
La Suisse chargée de plusieurs tâches
Au sein du Conseil de sécurité, la Suisse sera chargée de plusieurs tâches. Elle sera notamment, avec le Ghana, celle qui portera les discussions et donnera les impulsions face aux tensions en Afrique de l'Ouest et au Sahel. Elle devrait remplir le même rôle pour l'accès humanitaire en Syrie, thématique sur laquelle les Etats-Unis et la Russie se sont récemment opposés.
La Suisse devrait aussi faire partie du Comité des sanctions sur la Corée du Nord. Elle codirigera deux groupes d'experts dont un sur le climat et la sécurité. Et elle sera référente sur les questions de faim et des conflits.
Le Conseil de sécurité décide des questions de paix et de sécurité internationales. Habilité à voter des sanctions, il peut aussi approuver l'envoi de missions militaires de maintien de la paix ou des missions politiques.
(ATS)