Les hommages au défunt Alain Delon vous ont peut-être fait revisionner «La Piscine», ce film culte de 1969 où l’acteur partage la vedette avec Romy Schneider. De quoi donner envie de construire un bassin azur sur votre terrasse... Afin de faire le point sur les coûts de construction, les choix de modèles ainsi que les contraintes d’entretien de ces luxueux espaces de baignade, Blick a consulté Thomas Cisco, fondateur de Dr. Piscines, un constructeur de piscines (ou «pisciniste») établi à Vessy (GE).
Il n’y a pas de piscine «low cost»
La piscine est un produit de luxe. Il faut viser le haut de la fourchette de prix. Lorsque nous demandons à Thomas Cisco d’articuler un prix de départ, il répond que chaque bassin a ses spécificités. Le prix dépend de la taille et du format de la piscine, du terrain, de la commune concernée et des autorisations.
Mais s’il faut donner un ordre de grandeur, le fondateur de Dr. Piscines estime qu’avec 50'000 francs, par exemple, on peut difficilement obtenir une piscine de qualité. «Il y aurait déjà 10’000 francs qui partiraient en demandes d’autorisations et de travail administratif en amont. Il ne resterait donc plus que 40'000 pour faire la piscine, ce qui est très juste pour un bassin en béton et compte tenu du matériel à fournir». Le budget construction inclut les coûts de travaux comme l’évacuation de la terre et la séparation entre terre de remblai et terre végétale, ainsi que toute la machinerie de la piscine. En clair, il faut prévoir au minimum 60’000 francs au départ. Ces dernières années, les prix des piscines n’ont pas vraiment augmenté, mais ceux de certaines fournitures ont pris l’ascenseur.
Des piscines qui tiennent 5 ans
«On ne peut pas faire du low cost en matière de piscine», poursuit Thomas Cisco. «J’ai vu passer des pubs et des flyers de confrères vantant une piscine prête à plonger à partir de 30'000 francs. Techniquement, il n’est pas possible de faire du bon travail à ce prix-là. C’est de la clientèle que je récupère en rénovation derrière». Le spécialiste constate que de telles piscines au rabais tiennent 5 ans, puis il faut tout refaire. «Au final, on perd de l’argent». Avec un budget plus réaliste ou un système de crédit piscine, on peut espérer un bassin qui tient plus longtemps. En la matière, seule la qualité permet d’assurer une durabilité.
Gare aux pompes bon marché
Le marché pullule de pompes de filtration bon marché, des produits généralement chinois. Elles ne coûtent que 200 francs. Leur mauvaise qualité réservera forcément des surprises. «Les piscines premiers prix vont raboter sur la technique et mettre des filtrations très faibles; or cela doit être compensé par la chimie, et nécessitera donc beaucoup plus de produits chimiques», explique Thomas Cisco. Ce n’est donc pas sur les pompes de filtration qu’il faut chercher à faire des économies. Si votre pisciniste vous propose de budgéter une pompe à 2000 francs, c’est n’est pas de l’argent perdu.
Choisir un constructeur fiable
«Attention au choix du constructeur de piscines, met en garde Thomas Cisco. Il existe nombre d’arnaques dans ce domaine. Ne faites confiance qu’à des piscinistes qui sont là depuis longtemps et qui ont bonne réputation». Parmi les indices de fiabilité de l’entreprise : «Si un devis tient sur une seule 1 page, fuyez, poursuit l’entrepreneur genevois. Une piscine à 60'000 francs dont le devis tout compris ne présente pas les détails, cela sent l’arnaque. Nos devis font 6-7 pages détaillées, intégrant tout ce qui a été discuté avec le client. Mes confrères qui travaillent bien font de même. Un vrai devis aura 4 pages au minimum.»
Coques en polyester : à fuir
Les piscines avec une structure en inox offrent la meilleure qualité. «C’est immortel, indique Thomas Cisco: le matériau en lui-même a des propriétés qui empêchent la prolifération des bactéries. C’est ce qu’il y a de meilleur à l’heure actuelle.» En revanche, les piscines en coque polyester, moins chères, n’ont plus d’avenir, surtout avec les températures qui augmentent. «Le revêtement lui-même supporte jusqu’à 28 degrés et au-delà se détériore.» Un autre prestataire, Designo Piscines, actif sur Vaud, Fribourg et en Valais, affirme la même chose sur son site web: «les piscines coques en polyester, c’est fini!» est-il indiqué. Designo évoque comment ces piscines ont «montré leur faible durée de vie et la dégradation rapide de leur structure en polyester à cause du phénomène d’osmose». Les propriétaires de ce type de piscines ont dû régulièrement les réparer et les rénover.
Aujourd’hui, on préfère les piscines en vinylester, matériau plus résistant à la chaleur et connu pour son étanchéité. Il pallie aux problèmes de qualité du polyester, mais il est naturellement plus cher.
Enfin, la traditionnelle piscine en béton, la plus facile à mettre en œuvre tout en promettant une durée de 20 ans, reste le standard. En termes de design, les piscinistes proposent aussi la piscine à débordement, devenu un classique, mais plus technique à construire et nécessitant un budget supérieur. Une étude préalable et approfondie du terrain est requise, selon le constructeur Designo. «Pour réussir la construction d’une piscine à débordement, il est préférable d’installer les bassins à la limite d’une dénivellation ou sur un terrain en pente. Cela permet d’avoir une bonne vue du paysage tout en optimisant l’aspect esthétique de la piscine», indique le constructeur. «Il est également possible de transformer une piscine standard en une piscine à débordement, mais cela implique de gros travaux, donc un plus grand budget».
Piscine «eco-friendly»
Une certaine clientèle aspire à un bassin naturel sans chlore ni aucun produit chimique. Cette possibilité existe, grâce à deux techniques à choix, selon Dr. Piscines : un système de filtration bio-minérale, qui réduit la consommation d’eau et ne génère aucune pollution liée aux eaux de lavage. Et un système à filtration bactérienne basé sur le principe d’économie circulaire, qui permet de recycler l’eau à l’infini.
Les coûts d’une piscine «eco-friendly» sont plus élevés. «Il y a plus d’entretien à prévoir, souligne Thomas Cisco. On est sur du bassin naturel, il y a donc de la vie, et du biofilm (micro-organismes) qui se crée sur les parois. Il faut un entretien journalier, ce qui est forcément plus cher». Quant aux systèmes faiblement chlorés, ils nécessitent une filtration irréprochable. «Une filtration bien faite, c’est très peu de chimie car les bactéries sont filtrées à 5 microns, ce qui est extrêmement faible. À titre de comparaison, la filtration basique se fait à 60 microns. On doit donc investir dans une filtration près de 10 fois plus performante avec 10 fois moins de chimie à ajouter, d’où les différences de prix.»