Commentaire de Richard Werly
Suisse-Europe: le diplomate Alexandre Fasel a besoin d'un mandat clair

Le nouveau secrétaire d'Etat du Département fédéral des affaires étrangères ne pourra pas continuer des pourparlers «exploratoires» avec l'Union européenne (UE). Il devra retourner à Bruxelles avec un mandat clair et une volonté d'aboutir.
Publié: 28.06.2023 à 19:05 heures
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Dernière mise à jour: 29.06.2023 à 15:56 heures
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Ignazio Cassis a officialisé ce mercredi 28 juin la nomination d'Alexandre Fasel au poste de secrétaire d'Etat du Département fédéral des affaires étrangères.
Photo: keystone-sda.ch
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Richard WerlyJournaliste Blick

Ignazio Cassis a une obligation vis-à-vis de celui qui sera désormais son plus proche collaborateur: ne pas le laisser seul face au désordre européen qui paralyse, depuis des années, le Conseil fédéral.

Toujours prompt à s’aligner sur les positions de la droite dure lorsque celle-ci élève le ton vis-à-vis de Bruxelles, architecte du rejet unilatéral du projet d'accord institutionnel le 26 mai 2021, le chef du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) doit, s’il veut laisser une trace dans l’histoire politique récente du pays, remettre la relation Suisse-Europe sur les rails. Et pour parvenir à cela, le diplomate fribourgeois Alexandre Fasel est un atout. A condition de ne pas être paralysé et de ne pas se retrouver à Bruxelles pieds et poings liés.

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Pourquoi cibler Ignazio Cassis? Parce que celui-ci, s’il demeure à la tête de son département après les élections fédérales d’octobre, aura le devoir moral et politique de porter sur ses épaules le plus lourd fardeau diplomatique de la Confédération. Si le chef du DFAE ne s’implique pas, et s’il ne s’érige pas en bouclier pour protéger son futur négociateur avec la Commission européenne, le radical Tessinois transformera la mission d’Alexandre Fasel en cauchemar.

Or cet ambassadeur respecté, en charge de la diplomatie scientifique, familier de tous les problèmes rencontrés par les universités suisses depuis leur départ du programme de recherche Horizon Europe, n’a pas vocation à s’immoler pour un gouvernement sans volonté et attentiste. Son choix, compte tenu de ses opinions proeuropéennes connues et assumées, n’a de sens que si la volonté d’aboutir à une solution confortant la voie bilatérale se confirme dans les faits sous la coupole du Palais fédéral.

Le 21 juin, le Conseil fédéral a publié un communiqué elliptique, modèle de byzantinisme helvétique, pour confirmer que les «paramètres d’un futur mandat», à savoir les grandes lignes de la reprise des négociations formelles entre la Suisse et l’Union européenne (UE), sont aujourd’hui actés et acceptés. Pas besoin de s’y attarder. Les relations bilatérales sont, on le sait, un sujet explosif et les consultations vont se poursuivre d’ici à l’automne.

Reste une obligation impérative que toutes les manœuvres ne feront pas disparaître: le gouvernement devra sortir à découvert et dire les choses clairement. Quels types d’accords bilatéraux, et sur quelles bases? Quelles concessions (car il faudra en faire) sont acceptables pour la Suisse, dont l’intérêt est de stabiliser sa relation avec ses principaux partenaires? Et, surtout, quels arguments pour défendre cet accord qui, inévitablement, sera in fine soumis au peuple?

Le risque du gâchis

Alexandre Fasel, 62 ans, est un ambassadeur talentueux, reconnu comme tel, passé par le secteur privé dont il connaît les besoins et les contraintes. Ne pas lui donner de mandat clair, et céder à tous ceux qui préfèrent procrastiner que négocier, serait la meilleure manière de gâcher son arrivée à la tête de la diplomatie suisse.

Ignazio Cassis a pris un risque en nommant ce diplomate. Il doit maintenant l’assumer. Et permettre au pays de sceller ce partenariat européen «sur mesure» que l’UE est encore prête à lui concéder. Un partenariat indispensable à sa prospérité durable, dans cette période de turbulences et de convulsions mondiales.

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