L'indice des prix à la consommation (IPC) a accéléré de 2,9% sur un an en mai, après avoir crû de 2,5% en avril, de 2,4% en mars et de 2,2% en février. Comparé au mois précédent, l'IPC a augmenté de 0,7% à 104,0 points, a détaillé jeudi l'Office fédéral de la statistique (OFS) dans un communiqué.
Après plusieurs années d'inflation négative, l'IPC suisse a atteint en mai un plus haut depuis septembre 2008. Il se situe clairement au-dessus de l'objectif de stabilité des prix de la Banque nationale suisse (BNS), qui est défini comme étant inférieur à 2%.
Ces chiffres dépassent les prévisions des économistes interrogés par l'agence AWP, qui tablaient sur une évolution annuelle entre 2,5% et 2,7% et mensuelle de 0,2% à 0,4% pendant le mois sous revue.
La guerre clairement en cause
Les goulets d'étranglement dans les chaînes logistiques internationales continuent de peser sur le secteur des véhicules. Le prix des voitures d'occasion a pris 16,4% et celui des voitures neuves 4,6%.
L'envolée des prix du pétrole, en raison de la guerre en Ukraine et des sanctions internationales contre la Russie, continue d'avoir des répercussions sur les tarifs des hydrocarbures en Suisse. Impact majeur pour les propriétaires et locataires, les prix du mazout ont décollé de 81,9% et ceux du gaz de 40,7% comparés à mai 2021.
Le transport souffre aussi. Les tarifs du diesel ont bondi de 30,4% et l'essence de 25,3%. L'effet se fait également ressentir pour les voyages à forfait internationaux dont les tarifs ont progressé d'un quart. Le transport aérien affiche lui un renchérissement de 57,6%.
Cette hausse se répercute en outre par ricochet sur certains produits alimentaires, en raison du renchérissement du transport et des engrais. Les prix des melons et raisins ont ainsi bondi de 15,6%. Mais d'autres produits alimentaires affichent des baisses comme les fruits à noyaux (-4,1%), les légumes-salades (-2,9%), ainsi que les agrumes et les baies (-10,2%).
Côté baisse, la parahôtellerie a affiché une décrue de 15,4%.
Les banques sur le qui-vive
Si l'accélération de l'inflation est importante en Suisse, la force du franc protège la Confédération d'une augmentation encore plus importante. Dans la zone euro, la hausse des prix a atteint 8,1% en mai sur un an. Les Etats-Unis affichent par contre de premiers signes de ralentissement, l'inflation s'étant élevée à 6,3% sur un an en avril après 6,6% en mars selon l'indice PCE.
Face à ce phénomène, encore décrit l'année dernière comme transitoire, les banques centrales sont sur le qui-vive. Alors que la Réserve fédérale américaine (Fed) a relevé ses taux directeurs en mars et prévoit d'autres hausses, la Banque centrale européenne (BCE) pourrait suivre en juillet.
Quant à la BNS, qui affiche des taux directeurs négatifs depuis 2015, elle pourrait suivre à l'automne, de l'avis des économistes.
(ATS)