J'ai complètement raté le début de la course. Lorsque le départ est donné, je reste sur le bas-côté. Dois-je reculer et m'insérer sur la piste de départ? «Peu importe, me dit la voix depuis le siège du passager, passe juste au milieu de la barrière.» Très bien, si c'est ce qu'il dit. Mais ni la barrière ni le pare-brise ne volent en éclats.
Car le circuit devant mes yeux n'existe que virtuellement. La voiture, la BMW M2 flambant neuve de 460 chevaux, est bien réelle. La route sous les pneus aussi, et même l'instructeur BMW sur le siège passager existe vraiment. Mais tout le reste est créé devant mes yeux par des lunettes de réalité virtuelle (VR). La situation est pourtant réelle, je vais conduire sur un immense ancien terrain d'aviation près de Munich (All), que BMW utilise depuis quelques années pour la formation des conducteurs. Je mets les lunettes VR et je plonge ensuite dans le virtuel.
Premier tour concluant
J'ai déjà du respect: il y a quelques années, une expérience personnelle similaire chez un autre constructeur automobile s'était soldée par de violents vertiges. Les lunettes étaient trop lourdes et glissaient, leur image était floue, en retard sur les mouvements réels, et si je fonçais dans l'une des maisons virtuelles au bord de la route, le logiciel tombait en panne.
Rien de comparable avec mon expérience aujourd'hui. J'aborde le premier virage en accélérant timidement, notamment parce que le décor généré par ordinateur absorbe mon attention: un asphalte brillant, des courbes rouges et blanches et, derrière, une skyline brillant dans la nuit. Mais dès le deuxième virage, je suis convaincu: cette piste existe vraiment. Démarrer à gauche, freiner, tourner à droite et accélérer à fond à la sortie du virage – comme dans la réalité. Parce que je conduis une vraie voiture dans le monde virtuel. Au lieu de la synthèse du simulateur, je ressens des vibrations réelles comme le spin des roues arrière, et je peux estimer les régimes au son réel du six cylindres en ligne.
L'illusion fonctionne
Foncer en plein milieu des immeubles – cela n'aurait aucune conséquence sur le terrain d'aviation désert. D'autant plus que mon passager éviterait le pire en appuyant sur les pédales ou en prenant le volant à ma place. Mais l'illusion reste si convaincante que je prends pour argent comptant les limites du circuit et le désert de béton, je ramasse assidûment des pièces virtuelles sur le circuit et j'évite les obstacles qui surgissent. Après le deuxième tour, je suis déjà à fond, et après le troisième, l'ambition me prend. Mais pas de vertige ni de nausée.
Les réalités virtuelles ne sont pourtant plus une nouveauté pour les férus de jeux vidéo ou les fans de métavers. L'industrie automobile utilise elle aussi cette technologie depuis longtemps, par exemple pour évaluer le design de nouveaux modèles de manière purement virtuelle et à moindre coût, sans avoir recours à des modèles tests coûteux. Mais ce n'est que depuis peu que les ordinateurs maîtrisent la fusion de mouvements réels complexes, comme ceux d'un vrai véhicule, avec un environnement virtuel, de telle sorte que le cerveau humain se laisse duper et considère les deux comme réels.
Mi-analogique, mi-virtuel
BMW appelle cette technologie «Mixed Reality» et, même si elle est avant tout amusante dans le cas de mon expérience, elle peut avoir des applications sérieuses. Les ingénieurs en développement peuvent désormais tester de nouveaux modèles sur des routes virtuelles, au lieu de souffrir dans des simulateurs saccadés – leur estomac les remerciera. Et au lieu de tenter de maîtriser des situations dangereuses simulées à l'aide de petits chapeaux rouges et blancs, nous éviterons à l'avenir des enfants virtuels lors de stages de sécurité routière ou freinerons devant des cyclistes générés numériquement. Plus ils auront l'air réels, plus l'apprentissage sera rapide.
Enfin, BMW veut utiliser cette technique à l'avenir comme étant intégrée à ses voitures. Les passagers pourront alors superposer des sujets VR qu'ils auront eux-mêmes choisis aux autoroutes ennuyeuses. Ou comme le dit Kay Langer, designer chez BMW, à propos de la concept-car BMW Dee dévoilé au Consumer Electronics Show de Las Vegas: «Les camions moches deviennent alors des éléphants.» De quoi confondre la réalité avec les jeux vidéo.