Un monde virtuel qui dépasse l'entendement. Voilà la promesse du métavers, contraction du mot grec «meta» («au-delà») et «univers». Le groupe Meta (ex-Facebook) a prévu d’investir 10 milliards de dollars par an au cours de cette décennie dans la réalisation de cet univers, à travers sa division Reality Labs, qui conçoit du matériel et des logiciels de réalité augmentée (AR) et de réalité virtuelle (VR). Mais les 21 milliards de dollars dépensés par Meta dans ce projet ces deux dernières années demeurent mal compris par les marchés: fin octobre, l’action du groupe a perdu 20% de sa valeur après l’annonce de ses résultats trimestriels.
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1. Un réseau de mondes virtuels persistants
Il faut dire qu’il reste compliqué d’appréhender ce qui se cache derrière ce concept. D’après Matthew Ball, auteur du livre «The Metaverse and How it Will Revolutionize Everything», le métavers est «un réseau expansif de simulations et de mondes 3D persistants, rendus en temps réel». Le métavers peut être exploré de manière synchrone par un nombre illimité d'utilisateurs, chacun à leur manière, et promet une gestion continue des données concernant tant les identités, échanges, monnaies ou objets virtuels qui le constituent.
«On peut considérer le métavers comme l'avenir d'Internet, un changement de paradigme qui va toucher tous les domaines de la société, explique Martha Boeckenfeld, associée et doyenne de la Metaverse Academy (voir encadré). Un rapport du cabinet de conseil en technologies Gartner prévoit que 25% des internautes passeront au moins une heure par jour dans un métavers d'ici à 2026, que ce soit pour le travail, les achats, l'éducation, les médias sociaux ou le divertissement.»
2. Un marché potentiel de 800 milliards de dollars
Plus de 120 milliards de dollars ont été investis dans ce secteur durant les cinq premiers mois de l’année 2022, soit plus du double de ce qui a été investi l’an dernier, d’après un rapport récent publié par le cabinet de conseil en stratégie McKinsey. Le marché du métavers pourrait atteindre 800 milliards de dollars d’ici à 2024, selon Bloomberg Intelligence, l’unité de recherche du groupe financier américain éponyme.
Des marques mondiales comme Amazon, Apple ou le concepteur de processeurs graphiques Nvidia sont sur les rangs. Il y a quelques semaines, l’éditeur de jeux Epic (Fortnite) a pour sa part annoncé investir 30 millions de dollars dans une start-up qui développe des infrastructures nécessaires à ces mondes virtuels.
La doyenne de la Metaverse Academy ajoute: «L’acquisition de l’éditeur de jeux Activision Blizzard par Microsoft pour 69 milliards de dollars répond à la même logique et devrait constituer un élément important pour la construction du métavers.» Il faut dire que les possibilités d'investissement sont extrêmement vastes. «Cette évolution touche tous les secteurs, de l’apprentissage au monde du travail, en passant par la santé, sans oublier toutes les technologies liées telles que les jumeaux virtuels, la VR ou la réalité augmentée.»
3. Actions boursières et crypto-monnaies
Ceux qui souhaitent investir dans ce domaine peuvent acquérir des actions d’entreprises qui développent ces univers virtuels ou des projets de crypto-monnaies liées au métavers. «Pour identifier des entreprises solides, il faut notamment s'assurer que l'équipe soit expérimentée, que sa feuille de route est claire et que les utilisateurs ont adopté son produit.» La mise en place de partenariats importants et l’évolution du prix de leurs actions sont d’autres éléments à considérer. À noter que certaines plateformes électroniques de trading proposent désormais des portfolios spécialisés accessibles à partir d’un investissement de quelques centaines de francs.
La néo-banque zougoise Seba a récemment lancé un indice métavers (SMETA). Il s’agit du premier produit négocié en bourse dédié à ce sujet, et coté à la BX Swiss. Il permet d'investir dans des actifs numériques qui reflètent la tendance au déplacement des jeux, divertissement et interactions sociales vers des environnements virtuels.
4. Devenir propriétaire de terrains virtuels
Les projets de la société Yugalab, qui a créé tout un écosystème (jetons non tangibles, mondes virtuels) et du studio RFTK, qui conçoit des sneakers et des objets de collection virtuels, sont de bons exemples pour comprendre les attentes des utilisateurs et les possibilités de ce nouvel univers. «L’aspect communautaire et l’innovation priment au centre de ces deux projets», souligne l’experte.
L’achat de ces jetons non tangibles (NFT) ou de terrains virtuels constituent d’autres possibilités d’investissement. Sur la plateforme Decentraland, les parcelles de terrain se vendent aujourd’hui entre 3000 et 4000 francs. Leur potentiel dépend de trois facteurs d'augmentation de la valeur: la rareté, l'utilité et la consommation. «L'endroit où se trouvent les propriétés dans le métavers et la manière dont elles sont développées ont un impact énorme sur la manière dont les utilisateurs interagissent avec elles. Ils deviennent des espaces dans lesquels les gens peuvent s'engager, travailler, explorer, construire et nouer des contacts. La convergence des interactions sociales réelles augmente en même temps la valeur du terrain.»
5. Projets pionniers en Suisse
Le métavers suscite également un fort engouement en Suisse. La section bâloise de Pro Senecute a récemment annoncé avoir dépensé 15'000 francs pour acquérir deux parcelles dans le monde virtuel de Decentraland et une dans celui de Sandbox. Le détaillant Manor vient pour sa part de lancer une collection d’objets NFT conçus en collaboration avec la designer Yael Anders. «Dans les deux cas, il s'agit de projets pilotes avec un grand potentiel pour l'avenir, souligne Martha Boeckenfeld. Le cabinet KPMG estime que 70% des marques auront une présence dans le métavers. C’est pourquoi il est important que tant les particuliers que les entreprises se penchent sur ce sujet et prennent des décisions sur la manière dont ils peuvent contribuer à façonner son avenir.»
La Metaverse Academy a été inaugurée ce printemps par l'agence digitale zurichoise Kuble. L’institut propose non seulement des cours avec des lunettes VR sur le nez, mais aussi la possibilité d'explorer le métavers et les technologies qui y sont liées, comme les jetons non tangibles (NFT). «Notre objectif est d’abaisser le seuil d'entrée dans ce domaine en y intégrant des perspectives à la fois techniques et stratégiques, explique Martha Boeckenfeld, associée et doyenne de la Metaverse Academy. De quoi donner aux entreprises et à leurs collaborateurs un aperçu des possibilités que le métavers leur offre en tant qu'individus ou en tant qu'industrie.»
À ce jour, la Metaverse Academy a emmené plus de 500 personnes en voyage dans des mondes virtuels. Elle vient également d’être distinguée comme l’un des principaux acteurs qui façonnent ce marché en Suisse, selon l'écosystème «Swiss Metaverse» publié par l’agence Adello.
La Metaverse Academy a été inaugurée ce printemps par l'agence digitale zurichoise Kuble. L’institut propose non seulement des cours avec des lunettes VR sur le nez, mais aussi la possibilité d'explorer le métavers et les technologies qui y sont liées, comme les jetons non tangibles (NFT). «Notre objectif est d’abaisser le seuil d'entrée dans ce domaine en y intégrant des perspectives à la fois techniques et stratégiques, explique Martha Boeckenfeld, associée et doyenne de la Metaverse Academy. De quoi donner aux entreprises et à leurs collaborateurs un aperçu des possibilités que le métavers leur offre en tant qu'individus ou en tant qu'industrie.»
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