Le 24 février, j’ai mis mon réveil à trois heures du matin. J’en avais été informé, je savais qu’il y aurait une attaque. Je n’avais pas peur. Mais, très franchement, nous n’étions pas préparés à ce qui allait se produire. Nous ne nous attendions pas à ce que les orques – nous appelons ainsi les assaillants russes – débarquent dans la banlieue de Kiev, un jour seulement après le début de l’invasion.
Nous avons dû nous adapter le plus rapidement possible. Nous avons impliqué davantage de personnes dans la défense du territoire et avons commencé à leur distribuer des armes. Il s'agissait de prendre des décisions rapides, d'assumer des responsabilités personnelles. A ce moment-là, le contrôle étatique vertical n'existait plus.
La population de Kiev a chuté de 2,8 millions à un million en mars. Nous savons que ce sont surtout les femmes et les enfants qui ont quitté la ville. Les hommes sont restés. Nous nous préparions à des combats de rue au cas où l’agresseur entrerait dans notre Kiev, nous pouvons le dire honnêtement. Personne ne voulait abandonner.
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Maintenant que les tirs ont diminué et que la défense antiaérienne est bien en place, les gens se sentent plus en sécurité. Ils reviennent. Selon les derniers recensements, près de trois millions de personnes vivent désormais à Kiev. Les gens sont plus unis et plus disciplinés qu’avant la guerre. La vie continue, la capitale a repris vie. Mais malgré tout, il y a un couvre-feu, malgré tout, les sirènes retentissent souvent. Les manifestations de masse sont pour l’instant interdites dans notre ville, il n’y a ni les rassemblements ni les défilés habituels.
Nous comprenons aujourd’hui ce que signifient l’indépendance et l’intégrité territoriale. Elles résonnent d’une tout autre manière que l’année dernière. Nous avons confiance en les forces armées ukrainiennes. Tout ira bien, la ville est entre de bonnes mains, des mains fortes et fiables. Vous n’avez pas à vous inquiéter, nous vous protégerons!