Après la tentative avortée de putsch sur Moscou, il est probable que l'impitoyable armée privée Wagner, dirigée par Evgueni Prigojine, disparaisse sous sa forme actuelle, selon les experts de l'Institute for the Study of War. Cependant, certaines parties de l'organisation pourraient demeurer actives sous une nouvelle direction.
L'accord conclu entre le dirigeant biélorusse Alexandre Loukachenko et Evgueni Prigojine implique que ce dernier lâche le contrôle du groupe Wagner en échange de l'abandon des accusations de rébellion et de trahison. Ainsi, une partie du groupe Wagner, qui compte actuellement près de 20'000 hommes, devrait être placée sous le contrôle du ministère russe de la Défense, une volonté exprimée depuis longtemps par le ministre de la Défense, Sergueï Choïgou.
Beaucoup cherchent un nouveau travail
Quant au sort des mercenaires qui n'ont pas participé à la rébellion, leur devenir demeure incertain. Certains pourraient envisager de conclure des contrats individuels avec le ministère de la Défense ou choisir de se démobiliser en Russie. Alternativement, ils pourraient se rendre en Biélorussie pour occuper divers postes ou être déployés à l'étranger afin de soutenir les opérations menées jusqu'à présent par le groupe Wagner en Afrique ou au Moyen-Orient.
Mauro Mantovani, un expert militaire à l'EPFZ, estime qu'une minorité seulement rejoindra l'armée russe régulière, car la plupart préféreront les meilleures conditions offertes par les entreprises militaires et de sécurité privées, reflétant ainsi une mentalité de mercenaire.
Selon le spécialiste, cette tentative désespérée du chef de Wagner visait à empêcher l'intégration de ses troupes dans l'armée régulière russe et à s'assurer une position solide au sein de l'appareil du pouvoir. Cependant, il a échoué dans les deux cas, bien qu'il ait réussi à faire prendre en compte ses critiques envers le commandement militaire à l'échelle nationale.
Le ministère de la Défense a fixé au 1er juillet un délai pour le contrôle de toutes les formations irrégulières, y compris le groupe Wagner, ce qui a été perçu par Evgueni Prigojine comme une menace existentielle pour sa propre existence politique et peut-être personnelle.
Vie de luxe ou assassinat?
Quant au sort d'Evgueni Prigojine lui-même, celui-ci reste incertain. Mauro Mantovani suppose qu'il profitera de son exil en Biélorussie pour mener une vie luxueuse dans une relative sécurité, laissant à d'autres le soin de gérer les affaires liées à la guerre.
Cependant, l'expert militaire Ralph D. Thiele, de l'Institut de conseil en stratégie, politique, sécurité et économie à Berlin, n'exclut pas la possibilité que le chef de guerre soit tué. Le spécialiste déclare sur ntv.de qu'il ne peut pas s'imaginer qu'il échappera indemne à une arrestation imminente, ce qui pourrait conduire à un «accident».
Il envisage la survie d'Evgueni Prigojine uniquement si la rébellion était une mise en scène. Dans ce cas, le président russe Vladimir Poutine pourrait justifier une nouvelle mobilisation dans le pays et proclamer la loi martiale.