Les services secrets occidentaux l'appellent «SSD». Il s'agit d'une unité appartenant aux services secrets russes, qui serait derrière plusieurs actions de sabotage et d'attentats en Occident. Les deux entités partagent le même quartier général dans la banlieue de Moscou, au sein du Département des tâches spéciales.
Cette unité serait notamment responsable de tentatives d'attentats à l'aide d'engins incendiaires contre des avions de DHL l'été dernier, comme le rapporte le «Wall Street Journal». Des colis dangereux avaient été découverts, juste avant d'être chargés, dans des centres logistiques de DHL à Leipzig, en Allemagne, et à Birmingham, en Grande-Bretagne. La SSD serait aussi à l'origine du projet d'assassinat d'Armin Papperger, le PDG du groupe d'armement allemand Rheinmetall.
Un «maillon faible» de l'OTAN
L'Allemagne constitue l'une des cibles principales du SSD. Pour cause, le pays est considéré comme un «maillon faible de l'OTAN» en raison de sa dépendance à l'énergie russe, de la crainte d'une escalade nucléaire et des sympathies de certains partis et électeurs pour la Russie, à en croire les services secrets occidentaux et russes.
Mais le SSD serait aussi le cerveau derrière d'autres opérations terroristes. Comme en France, lorsque les autorités ont arrêté en juin dernier un double national ukrainien et russe, après l'explosion d'une bombe dans sa chambre d'hôtel. C'était en réalité un accident, la bombe devant exploser dans un magasin de meubles.
«La Russie pense qu'elle est en conflit avec ce qu'elle appelle 'l'Occident' et agit en conséquence, jusqu'à menacer de lancer une attaque nucléaire», a déclaré au «Wall Street Journal» James Appathurai, Secrétaire général adjoint de l'OTAN.
Une unité créée en réaction à la guerre en Ukraine
Le SSD aurait été créé en 2023 en réaction au soutien occidental à l'Ukraine et à partir de plusieurs services de renseignement. «L'unité 29155», qui aurait commandité l'empoisonnement en 2018 de l'ancien espion russe Sergueï Skripal en Grande-Bretagne, y aurait par exemple été intégrée.
Alors que l'Union européenne avait sanctionné en décembre dernier une unité russe, sans nommer le SSD, pour «attentats à la bombe», le département d'Etat américain a investi jusqu'à 10 millions de dollars (l'équivalent de 9 millions de francs) pour obtenir des informations sur cinq membres qui auraient commis des cyberattaques en Ukraine.
Calmer le jeu en vue des négociations
Cette unité serait notamment dirigée par le lieutenant-général Andreï Averianov. Ce dernier serait responsable de l'explosion d'un dépôt de munitions en Tchéquie en 2014. Son adjoint, Ivan Kasianenko, est quant à lui soupçonné d'avoir orchestré l'attentat contre Sergueï Skripal.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov a fermement démenti toutes les accusations qui émanent du rapport sur la nouvelle division secrète de la Russie: «Ce sont, comme d'habitude, des accusations totalement infondées.»
Selon des informations en provenance des Etats-Unis et d'Europe, les activités du SSD, qui avaient atteint leur apogée l'été dernier, ont diminué ces derniers temps. Selon les services de renseignement, cela pourrait être lié à la volonté de donner à Moscou une marge de manœuvre diplomatique pour des négociations avec la nouvelle administration américaine.