En janvier 2020, une enquête lancée sur la base d'une dénonciation anonyme avait permis d'établir des liens téléphoniques entre le cordonnier marseillais et des détenus incarcérés dans trois prisons, d'où ils lui passaient commande de baskets truffées de cannabis, parfois de cartes téléphoniques.
La saisie d'une de ces paires dans une des prisons avait permis d'établir que chaque chaussure pouvait contenir jusqu'à 100 grammes de résine de cannabis. Au total, entre janvier et juin 2020, 5 kg de cannabis avaient pu être introduits en prison, selon les enquêteurs, des chiffres contestés par la défense.
Le cordonnier, âgé de 62 ans au moment des faits, a reconnu avoir trafiqué une dizaine de paires et disait être rémunéré 70 euros.
De la drogue pour tenir le coup
«On l'avait convaincu qu'en prison, les détenus avaient besoin de stupéfiants pour tenir le coup et il a accepté dans un esprit de commerce bien sûr mais aussi de serviabilité», selon son défenseur Me Julien Blot. En revanche, le cordonnier aurait renoncé à introduire un couteau en céramique même si, sur une écoute, on l'entend dire que «cela ne rentre pas dans du 40».
Les chaussures et la drogue étaient remises au cordonnier par la compagne ou un ami du détenu puis introduites lors de parloirs. Deux femmes et un homme qui ont avoué leur rôle d'intermédiaire ont été condamnés à douze mois de prison avec sursis pour elles et huit mois avec sursis pour lui.
Condamné à trois ans de prison assortis d'un mandat de dépôt et une amende de 5000 euros, un des détenus en lien avec le cordonnier a contesté se livrer à un trafic en détention, niant que les deux feuilles de comptes saisies dans sa cellule lui appartenaient.
Un autre détenu qui purgeait une peine pour trafic de stupéfiants a assuré avoir été contraint par d'autres prisonniers du centre de détention. Deux autres prévenus, clients du cordonnier, ont eux été condamnés à un et trois ans de prison.