L'espoir de progrès était grand en mars dernier. Il est désormais réduit à néant. Mercredi, le président serbe Aleksandar Vucic et le Premier ministre kosovar Albin Kurti se sont rencontrés à Bruxelles pour des entretiens. Mais les deux parties en conflit n'ont, semble-t-il, pas réussi à trouver des points d'entente. La tension subsiste.
Les récents incidents dans le nord du Kosovo sont à l'origine de ces discussions. Les dernières élections, dans des communes à majorité serbe au nord du pays, ont fait l'objet d'un appel au boycott. Avec seulement 3,48% de participation, ces élections détiennent le triste record du taux de participation le plus bas de l'histoire du pays, comme l'écrit le portail d'information belge Euractiv. Selon les données de la Commission électorale centrale, seules 1567 personnes sur les 45'000 ayant le droit de vote se sont rendues aux urnes.
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Un parti serbe boycotte les élections
Derrière cet appel au boycott se cache la Liste serbe pour le Kosovo, le plus grand parti politique serbe du Kosovo. Ils justifient cette décision par le fait que la demande d'autonomie des communes serbes du Kosovo n'a pas été satisfaite. Ce problème n'est pas nouveau. Il est à l'origine du refus de la Serbie de reconnaître officiellement son voisin. «Le Kosovo a toutefois peur de voir apparaître une sorte d'unité fédérale sur son propre territoire», expliquait en mars à Blick Daniel Bochsler, politologue à la Central European University et à l'université de Belgrade. La peur d'un «cheval de Troie» est grande.
La situation dans la région est par conséquent tendue. Le représentant de l'UE pour les affaires étrangères, Josep Borrell, a déclaré mercredi craindre le potentiel d'escalade des récents événements. La Force pour le Kosovo de l'OTAN (KFOR), une opération de soutien de la paix au Kosovo à laquelle participe également la Suisse, observe la situation, comme elle l'a confirmé à Blick. Elle ne voit actuellement aucun nouveau signe d'escalade. «Mais la KFOR reste prête à faire face à n'importe quel scénario afin de créer un environnement sûr» a-t-elle déclaré.
«Ni la Serbie ni le Kosovo n'ont intérêt à désescalader la situation»
Florian Bieber, directeur du Centre d'études sur l'Europe du Sud-Est à l'université de Graz, reconnaît lui aussi un potentiel d'escalade plus élevé. Mais lui aussi estime qu'un conflit armé est pour le moment peu probable, explique-t-il à Blick. Mais il n'exclut rien: «Dans cette situation d'incertitude et d'escalade rhétorique, il peut bien sûr toujours se passer quelque chose.»
Le problème? «Les deux parties se comportent de manière très agressive l'une envers l'autre, et ni la Serbie ni le Kosovo n'ont intérêt à désescalader la situation», explique l'expert. On le voit aussi dans l'impasse actuelle des discussions entre les deux chefs d'Etat.
À peine lancé, le processus de normalisation entre la Serbie et le Kosovo semble déjà gelé. Le retour à un immobilisme risque d'être la tendance actuelle du conflit. «C'est un status quo dangereux, instable, qui repose sur des tensions», estime Florian Bieber. Et cela devrait rester ainsi dans un premier temps. «Dans ce contexte, je suis pessimiste quant à une réelle percée.»