Un pontificat qui a divisé
Les 5 polémiques que le pape François laisse derrière lui

En douze années de pontificat, le pape François s'est efforcé de transformer l'Eglise catholique. Une mission souvent frustrante. Au point de laisser derrière lui autant d'importantes transformations. Mais aussi des polémiques.
Publié: il y a 21 minutes
|
Dernière mise à jour: il y a 20 minutes
1/4
Le pape François ne faisait pas mystère de son opposition à la vague nationale-populiste illustrée par Donald Trump.
Photo: Gamma-Rapho via Getty Images
Blick_Richard_Werly.png
Richard WerlyJournaliste Blick

Un pape incontestablement populaire. Un pape qui inspirait les fidèles, dont l’ardeur au travail et la défense inlassable des plus démunis forçaient le respect. Mais le pape François, décédé ce lundi 21 avril, avait aussi fracturé l’Eglise catholique. Au point de se mettre à dos une partie du clergé. Il laisse derrière lui cinq héritages polémiques.

Le pape des pauvres

Disciple de Saint-François d’Assise, fils de migrants italiens installés en Argentine, Jorge Bergoglio devient pape à l'âge de 76 ans, avec la ferme volonté de mettre l’Eglise catholique romaine au service des pauvres, notamment dans les pays du Sud où se trouve aujourd’hui la majorité du milliard et demi de fidèles.

La fraternité est sa devise. L’humilité est son levier, lui qui refuse par exemple de séjourner dans les traditionnels appartements pontificaux, leur préférant la modeste résidence Sainte-Marthe où il est décédé. Problème: les pauvres, dans de très nombreux pays émergents, votent pour des dirigeants autoritaires. Donald Trump a aussi été élu par un électorat déclassé, marginalisé par la mondialisation. A qui faire confiance?

Le pape des paroisses

Le pape François n’aimait guère la Curie romaine, qui le lui rendait bien. Il voyait dans les Cardinaux des «princes de l’Eglise» qui, au fil de leur carrière ecclésiastique, oublient leur devoir de prêtre et de missionnaires.

Un an après son accession au siège de Saint-Pierre, l’ex Cardinal Bergoglio (nommé par Jean-Paul II), dénonce dans un discours retentissant les «quinze péchés» de la Curie. Laquelle, selon lui, souffre d’un «Alzheimer spirituel». Il n’aura de cesse, ensuite, de valoriser les églises locales aux dépens de la toute-puissance du Vatican. Il était aussi le pape des «périphéries», doublant le nombre de Cardinaux asiatiques. Son obsession: les paroisses. Sur les 135 Cardinaux qui choisiront son successeur, 108 lui doivent leur nomination.

Le pape des migrants

C’est sans doute, sur le plan politique, l’héritage du pape François qui dérange le plus en Europe et auprès des grandes puissances. Le souverain pontife voulait en effet que son Eglise garde la main tendue vers celles et ceux qui risquent leur vie dans l’exil, pour y trouver une vie meilleure.

En 2013, son premier voyage pontifical l'avait conduit à Lampedusa, l’île italienne si symbolique. On se souvient aussi de son appel lancé à Marseille, au Stade Vélodrome, en septembre 2023. «Les personnes qui risquent de se noyer, lorsqu’elles sont abandonnées sur les flots, doivent être secourues. C’est un devoir d’humanité, c’est un devoir de civilisation.»

Le pape des Palestiniens

Chaque jour, depuis le déclenchement de la riposte israélienne contre le Hamas après l’assaut terroriste du 7 octobre 2023, le pape François échangeait au téléphone avec la paroisse de la Sainte Famille, dirigée par le père Gabriel Romanelli. Une solidarité qui suscitait la colère de l’Etat hébreu.

Contenu tiers
Pour afficher les contenus de prestataires tiers (Twitter, Instagram), vous devez autoriser tous les cookies et le partage de données avec ces prestataires externes.

Mais un message politique et diplomatique était tout à fait conforme à la tradition de l’Eglise Catholique, indissociable de l’histoire de la Palestine et des lieux saints de Jérusalem. Pour mémoire, le Vatican s’est prononcé en faveur d’une solution à deux Etats bien avant l’élection de François le 13 mars 2013.

Un mois avant le conclave, l’Eglise catholique avait officiellement reconnu l’Etat de Palestine dans ses frontières d’avant 1967. Autre polémique: celle née de ses propos en janvier 2015, après le massacre de la rédaction de «Charlie Hebdo». Pour François, la liberté d’expression devait s’exercer «sans offenser». Ce pape-là n'était pas «Charlie».

Le pape du Sud global

Un pape argentin. Un pape Jésuite. Et pour la première fois, un pape non européen. C’est cet héritage que François laisse derrière lui, même si les pronostics pour le prochain conclave s’orientent plutôt vers l’élection d’un successeur en provenance du Vieux Continent, tel le Cardinal italien Pietro Parolin, chef de la diplomatie vaticane depuis décembre 2013.

Le pape décédé a connu l’un des plus grands moments de son pontificat en janvier 2015 à Manille (Philippines) lorsqu’il avait célébré une messe devant six millions de fidèles. «Il est une figure du Sud global» assénait en septembre 2024 le quotidien catholique français «La Croix», au retour de son voyage en Asie du sud-est et en Océanie. Paradoxe: son attachement aux pays du sud s'est, sur certains sujets, retourné contre lui. Ce fut le cas lorsqu'il a défendu les catholiques homosexuels, mis au ban dans de nombreux pays, notamment en Afrique.

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la