Un plan et (beaucoup) d'argent
Gaza transformé en un nouveau Monaco: pourquoi Trump y croit

Le prochain président américain Donald Trump a un plan fou pour Gaza: transformer le territoire palestinien en un nouveau Monaco. Avec l'argent des pays du Golfe et de l'Arabie saoudite. Fou? Oui, mais il y croit.
Publié: 16.01.2025 à 21:00 heures
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Donald Trump et ses conseillers ont un plan mirifique: transformer Gaza en une enclave qui verrait affluer les investissements immobiliers.
Photo: Getty Images
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Richard WerlyJournaliste Blick

«Gaza pourrait être mieux que Monaco.» Cette phrase a été prononcée, puis répétée plusieurs fois devant les journalistes par Donald Trump. Près de 50'000 Palestiniens y ont trouvé la mort depuis l’assaut terroriste du Hamas contre Israël, le 7 octobre 2023.

Ce territoire est un champ de ruines et de cendres. Mais alors que la perspective d’une trêve largement obtenue grâce aux pressions du futur président américain est devenue réalité ces dernières heures, le camp trumpiste commence à reparler d’avenir. En reprenant, dans un communiqué adressé à la presse internationale par l’équipe de transition, une autre phrase du futur locataire de la Maison Blanche: «C’est le meilleur endroit du Moyen-Orient, la meilleure eau, tout ce qu’il y a de mieux. La propriété en bord de mer de Gaza pourrait être très précieuse.»

Un homme ne s’est pas privé, ces derniers jours, de ressortir ces déclarations. Steve Witkoff est, depuis le 13 novembre, l’envoyé spécial de Donald Trump pour le conflit au Proche-Orient. Ce promoteur new-yorkais de confession juive est un proche du président élu, mais aussi un fin connaisseur de Las Vegas, de l’industrie du jeu et de l’économie des casinos.

L’économie et l’horreur

Parler de reconversion du territoire en futur Monaco est donc, dans sa bouche, un argument économique comme un autre, malgré l’horreur de ces derniers mois et la tragédie humanitaire vécu par les deux millions de Gazaouis enfermés dans l’enclave quadrillée par l’armée israélienne.

Un semblant de paix, de toute façon, ne reviendra pour cet émissaire qu’à marche forcée, et à coups de milliards de dollars: «Appelant de Doha, au Qatar, vendredi soir 10 janvier, alors que le shabbat avait déjà commencé, Witkoff a insisté pour rencontrer aussitôt Netanyahu a reconnu un diplomate israélien. Il a clairement dit que Trump veut en finir avec Gaza.»

D’où viendront les milliards de dollars nécessaires à la reconstruction du territoire? D’une immense campagne de levée de fonds auprès des pays arabes, sur le modèle de ce que Steve Witkoff a fait lui-même, ces derniers mois, pour financer les achats d’armes pour l’État hébreu.

En mai, l’ex-magnat de l’immobilier se vantait auprès du média américain The Bulwark d’avoir servi d’intermédiaire entre l’équipe de Trump et les milieux d’affaires juifs pour lever des «dons à six chiffres et à sept chiffres». «Witkoff pense qu’aucun milliardaire arabe ne pourra refuser de payer pour Gaza, explique à Blick un familier de la campagne Trump. Il est aussi convaincu que le bouclier militaire israélien est le meilleur argument pour convaincre les investisseurs. Alors que partout ailleurs, de Beyrouth à Dubaï, aucun pays n’est capable de se protéger en cas de conflit.»

Le Fontainebleau Las Vegas

Ironie du sort pour les Européens tenus à l’écart des négociations, et détail croustillant pour le président français Emmanuel Macron attendu au Liban ce vendredi 17 janvier, Steve Witkoff est l’ancien propriétaire d’un immeuble situé sur le Strip de Las Vegas, qui abrite aujourd’hui le plus récent casino de la ville, le Fontainebleau Las Vegas. Witkoff, partisan de la poursuite de la colonisation israélienne en Cisjordanie, est également un ami de la milliardaire Miriam Adelson, qui a hérité de l’empire des casinos de son défunt mari, Sheldon Adelson.

Cette dernière a donné plus de 100 millions de dollars pour soutenir le candidat du Parti républicain à la présidence. Adelson détient également une participation majoritaire dans Las Vegas Sands. D’où le lien déjà effectué par certains observateurs selon lequel le cynisme absolu de Trump à propos de Gaza consisterait, en fait, à vendre aux financiers arabes un projet immobilier rapportant beaucoup d’argent à des promoteurs juifs. «Si ce cynisme est synonyme de paix et de prospérité, qui pourra s’y opposer, poursuit notre interlocuteur. Trump est convaincu que le Hamas est une mafia autant qu’un groupe terroriste. Il doit être militairement éliminé. Mais il peut ensuite être acheté.»

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