Le président du Salvador, Nayib Bukele, a mis en place une curieuse stratégie en matière de bitcoins. En septembre dernier, le «PDG du Salvador», comme se nomme le président sur Twitter, a admis le leader des cryptomonnaies comme moyen de paiement légal dans tout le pays. L'offre de distributeurs automatiques de bitcoin a été massivement développée en conséquence et toutes les entreprises invitées à accepter les paiements avec la crypto-monnaie.
Il a besoin de 17 milliards de dollars
Nayib Bukele a déjà investi plus de 71 millions de dollars US de fonds publics dans des bitcoins, ce qui fait également sensation dans le pays. Et vendredi dernier, le président a encore acheté des bitcoins pour 15 millions de dollars supplémentaires, comme il l'a annoncé sur Twitter.
Le petit Etat de 21'000 kilomètres carrés possède au moins 1800 bitcoins, selon «Forbes». Tous ont été achetés par le président salvadorien, selon ses propres déclarations. Or, jusqu'à présent, l'investissement de l'ancien publicitaire n'a pas porté ses fruits...bien au contraire. Selon le portail d'affaires «Bloomberg», les bitcoins du Salvador valent actuellement moins de 55 millions de dollars. Ce qui représente une perte de 22% en quatre mois.
Mais le président salvadorien ne s'en inquiète guère. Nayib Bukele a de grands projets pour le Salvador: il veut faire de ce petit Etat un haut lieu international de la cryptographie. Une Bitcoin City est même prévue sur la côte salvadorienne. Elle servirait de hotspot de crypto-mining, processus par lequel on peut générer de nouvelles unités d'une crypto-monnaie. En termes simples, on peut dire que le président veut y «fabriquer» de nouveaux bitcoins.
La Bitcoin City devrait devenir un paradis de la cryptographie. Une TVA de seulement 10% serait prélevée. En outre, les investisseurs dans la blockchain disposeraient d'avantages, comme obtenir plus rapidement la citoyenneté.
La faillite de l'État menace
Selon les estimations du président salvadorien, un tel plan nécessite environ 17 milliards de dollars. Une somme astronomique si l'on considère le niveau d'endettement du pays.
Le Salvador affiche déjà une dette publique de plus de 50% du PIB. Qui représente 23,3 milliards de dollars au total. En juillet, l'entreprise de gestion des risques Moody's a abaissé la note de crédit du pays à Caa1. En d'autres termes, cela qui signifie que le risque de crédit du Salvador est devenu très élevé.
Parallèlement, le pays dépend du Fonds monétaire international (FMI) et se dispute actuellement avec ce dernier pour un crédit de 1,3 milliard de dollars dont il a un besoin urgent. En automne, le FMI avait encore mis en garde le gouvernement contre les expériences cryptographiques. En vain. Le Salvador prend donc le risque que le crédit soit refusé. Si, en outre, la dégringolade du bitcoin devait se poursuivre, le pays serait menacé de faillite.
(Adaptation par Lauriane Pipoz)