Avec des bombes planantes de plusieurs tonnes et des tirs d'artillerie continus, les occupants russes pilonnent les Ukrainiens devant Tchassiv Yar. Le front se concentre sur cette petite ville stratégique. Chaque jour, plus de 30 des redoutables bombes planantes pleuvent sur le champ de bataille.
L'accent mis sur Tchassiv Yar a une explication simple: à partir d'ici, les troupes de Poutine auraient plusieurs voies ouvertes vers l'intérieur du pays et quatre villes ukrainiennes pourraient être dominées ensuite, dont Kharkiv. Selon le «Financial Times», jusqu'à 25'000 Russes ont été transférés ici au cours des dernières semaines. Pendant ce temps, les forces ukrainiennes menacent de s'épuiser. La pénurie de munitions et le manque de rotation mettent l'armée à rude épreuve.
Sur la guerre en Ukraine
Des forces fraîches russes, des Ukrainiens épuisés
Carlo Masala, expert militaire à l'université de l'armée allemande de Munich, déclare au «Tagesspiegel» que certains soldats sont engagés dans l'est de l'Ukraine depuis pratiquement deux ans, sans interruption. L'infériorité due au manque de munitions ne doit pas être sous-estimée, mais «c'est la situation du personnel qui est maintenant décisive». Contrairement à l'Ukraine, la Russie a pu apporter un vent de fraîcheur dans son offensive, elle a réussi à faire tourner ses troupes grâce à sa simple supériorité en personnel.
Tchassiv Yar se trouve au sommet d'une colline et constitue une barrière naturelle contre les lignes d'approvisionnement importantes qui passent derrière. Si les Russes s'emparent de Tchassiv Yar, ils pourraient perturber ou couper complètement ces lignes d'approvisionnement dont l'Ukraine a besoin pour défendre le nord et le sud de la région du Donbass.
Sept kilomètres en deux semaines
Après la chute de Bakhmout, les troupes de Poutine ont progressé mètre par mètre au prix de lourdes pertes. Il a fallu presque une année entière aux occupants pour parcourir six kilomètres. Les dernières semaines ont toutefois été marquées par une progression rapide: selon le «FT», il n'a fallu que deux semaines aux troupes russes pour parcourir les sept derniers kilomètres.
Selon les experts, le terrain conquis ces derniers mois était optimal pour la défense. Rob Lee, du groupe de réflexion américain Foreign Policy Research Institute (FPRI), affirme que la Russie va désormais avancer encore plus vite. «De plus, si Tchassiv Yar tombe, cela rendra la défense de la zone environnante plus difficile.»
On s'attend désormais à ce que l'armée de Poutine intensifie son assaut sur les lignes de défense dans les prochains jours, avant que la première tranche du paquet d'aide américain n'atteigne le front. A Moscou, un seul souhait: le 9 mai – jour férié russe célébrant la victoire de l'Union soviétique sur l'Allemagne nazie – le commandement de l'armée russe veut annoncer l'importante victoire stratégique sur le champ de bataille en Ukraine.