Israël est de plus en plus agressif contre le Hezbollah au Liban. Des milliers de civils fuient vers la Syrie, des familles israéliennes craignent pour leurs proches en service militaire, le Hezbollah tire sans cesse des roquettes sur Israël. Les attaques aériennes israéliennes continuent de mettre à feu et à sang le Liban, un pays en crise depuis des années.
Ne restera-t-il que des perdants à la fin du conflit? Blick a demandé à Daniel Bettini, directeur de la rédaction du quotidien israélien «Yedioth Ahronot», et à Alex Spoerndli, journaliste et réalisateur de documentaires au Liban depuis 2020, de donner leur avis sur la situation au Proche-Orient.
Au Liban, «il n'y a plus de zones sûres»
«La majorité des Israéliens sont favorables à la guerre contre le Hezbollah», assure Daniel Bettini. «Depuis le 8 octobre, nous avons été bombardés encore et encore depuis le Liban. C'est une lutte pour la survie. Le Hezbollah aurait pu continuer ainsi pendant des années.» Selon lui, la crainte prévalait que la milice puisse perpétrer un massacre similaire à celui du Hamas le 7 octobre. «Cela ne pouvait pas continuer ainsi.» On ressent un grand soulagement après la mort de Hassan Nasrallah.
Comme le rapporte Alex Spoerndli, on ne ressent en revanche aucun soulagement au Liban. «Il règne une grande incertitude. On sent une certaine tension de fond.» Pendant notre entretien téléphonique, les drones omniprésents des Israéliens se font entendre à plusieurs reprises. La situation sécuritaire à Beyrouth est totalement différente de celle en Israël. «Il n'y a plus de zones sûres!» Le pays en crise n'a pas le luxe d'avoir un système de missiles. Dans le sud, où l'armée israélienne aurait commencé des opérations terrestres, l'ambiance est horrible. Beaucoup de gens ont fui dans les montagnes ou à Beyrouth. «La population s'attend à beaucoup de guerre, de sang, de mort et de destruction.»
«Le Hezbollah est à terre»
Des deux côtés de la frontière, de nombreuses personnes ne peuvent plus vivre chez elles, comme avant le 7 octobre. «Des milliers de personnes ont été évacuées au nord. Et même au sud, pas tout le monde n'est encore rentré dans son kibboutz à ce jour», raconte Daniel Bettini. «Au Liban, une personne sur six est considérée comme déplacée de force», affirme de son côté Alex Spoerndli.
Et le Hezbollah? «Le Hezbollah est en état de choc après les explosions de bipeurs et les assassinats ciblés», précise Daniel Bettini. «Personne n'a d'informations sûres, mais on peut imaginer que le Hezbollah est à terre», constate également Alex Spoerndli.
Le journaliste de «Yedioth Ahronot» ajoute qu'en dépit de tout le soutien apporté à la campagne de l'armée contre le Hezbollah, les Israéliens n'attendent qu'une seule chose: «Le plus important, c'est de récupérer les otages. Nous espérons conclure l'accord!» Depuis des mois, Israël, le Hamas et plusieurs Etats médiateurs bricolent un accord pour la libération des otages. Aucune percée n'est en vue. «Une victoire stratégique importante au Liban serait un signal pour le Hamas: qu'ils rendent les otages», est convaincu Daniel Bettini.