Un hobby presque fatal
Il a photographié le train blindé de Poutine – et a dû prendre la fuite

En tant que «trainspotter», Mikhaïl Korotkov est toujours à la recherche du train le plus extraordinaire à photographier. Il prend alors une photo du train blindé de Poutine – puis la situation lui échappe et il est contraint de s'exiler.
Publié: 18.03.2023 à 18:36 heures
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Dernière mise à jour: 19.03.2023 à 09:18 heures
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Le train blindé de Poutine est arrivé devant l'objectif de Mikhaïl Korotkov en 2018. Depuis, il n'a cessé de suivre le train, essayant de prendre la meilleure photo.
Photo: railgallery.ru
Jenny Wagner

Mikhaïl Korotkov a une passion: les trains. Il n'a cessé de photographier les chemins de fer les plus extraordinaires depuis 2018, où il a pris en photo un train blindé pour la première fois. A l'époque, il ne savait pas qui se trouvait exactement dans le véhicule. Mais c'était clair pour lui: «Le commun des mortels ne voyage pas dans un tel train», écrivit-il dans son blog. La poursuite du train blindé est depuis devenue une dangereuse obsession pour Mikhaïl Korotkov.

Le jeune homme est devenu un «trainspotter», il aimait le défi, l'adrénaline lorsqu'il partait à la chasse, dit-il au «Washington Post». Il n'a jamais pensé aux conséquences. «J'étais tellement absorbé par mon hobby», explique-t-il. Pendant des années, il a suivi ce train hors du commun. «Il fonce comme un fou, et tous les autres trains programmés lui laissent la place», écrit-il en 2021 sur son blog.

Ce train est un train de sécurité d'État, réservé aux membres haut placés du gouvernement. Le passager n'était autre que le chef du Kremlin Vladimir Poutine. Depuis le début de la guerre en Ukraine, le chef de l'État russe préfère le train à d'autres moyens de transport. Celui-ci est en effet moins facile à suivre qu'un avion. Mais Mikhaïl Korotkov s'est collé aux basques du chef d'Etat. Et en a risqué sa vie.

Les services secrets russes le prennent pour cible

Les recherches du trainspotter étaient une épine dans le pied du chef du Kremlin. Et pour cause: Vladimir Poutine aurait même construit des lignes de train entre ses propriétés privées – dont personne n'était sensé connaître l'existence.

Mais Mikhaïl Korotkov n'a pas arrêté malgré les risques, jusqu'à ce qu'un événement inhabituel se produise: sur Youtube, il lit des transcriptions de ses conversations téléphoniques personnelles dans les commentaires. «Quand j'ai vu ces conversations dans mes commentaires, cela m'a donné la chair de poule», dit-il. Pour le trentenaire, il était clair que les services secrets russes l'avaient pris pour cible.

La peur gagne le trainspotter. «C'est à ce moment-là que j'ai réalisé que tout ce que j'avais publié sur Internet pouvait être utilisé contre moi.» Son blog aurait pu lui être fatal.

Le trainspotter est convoqué

Ses contributions photographiques pourraient en effet être une raison suffisante pour l'envoyer en prison pour sabotage ou terrorisme, craint-il. Il a donc cessé de tenir son blog en mars 2022. Mikhaïl a essayé de faire abstraction de l'actualité autour de la guerre, mais en septembre, lorsque Poutine a décrété la mobilisation partielle, il a pris la fuite.

«Le plus difficile a été de réaliser que l'émigration était la seule solution, d'abandonner ma vie actuelle et de repartir à zéro», raconte-t-il. Lorsque son ordre de marche est arrivé, il était depuis longtemps au Kazakhstan. En attendant que tout revienne à la normale, Mikhaïl Korotkov veut parcourir le monde avec son sac à dos.

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