La contre-offensive se poursuit. Ces derniers jours, les annonces de succès des forces armées ukrainiennes se sont multipliées. Outre une attaque réussie sur un pont menant à la péninsule de Crimée annexée par la Russie, les Ukrainiens ont également pu réaliser des avancées dans l’est du pays, vers Bakhmout.
Sur la Russie et l'Ukraine
Ceux qui pensent toutefois que le président russe Vladimir Poutine va céder se trompent: non seulement le chef du Kremlin dément toute défaite, mais il se préparerait même à une guerre encore plus étendue que jusqu’à présent. C’est du moins ce qu’affirme Alexander Gabuev dans un article du «Financial Times». L’expert était auparavant analyste en chef du groupe de réflexion Carnegie Moscow Center et travaille désormais comme directeur du Carnegie Russia Eurasia Center.
«La volonté de Vladimir Poutine d’un escalade ne doit pas être sous-estimée»
Même si beaucoup de personnes – en Ukraine et en Occident – veulent croire que le président russe est acculé, il ne faut pas sous-estimer sa volonté de créer une escalade, prévient Alexander Gabuev.
Pour réaliser ses plans, le chef du Kremlin a déjà pris des dispositions ces dernières semaines. Il a ainsi adopté une nouvelle loi martiale qui fait grimper l’âge limite de circonscription dans l’armée de 27 à 30 ans. Une manœuvre stratégique, selon le site d'information Meduza: l’armée de Vladimir Poutine sera ainsi augmentée de 700’000 soldats. En outre, tous les militaires qui ont été appelés ne seront plus autorisés à quitter le pays.
Des troupes trois à quatre fois plus nombreuses qu’en Ukraine
«Poutine mise sur le fait que les effectifs russes potentiellement mobilisables sont trois à quatre fois plus importants que ceux de l’Ukraine. La seule tâche urgente consiste à puiser dans cette ressource à volonté», explique Alexander Gabuev.
Le président russe compte mobiliser ces hommes, les armer, les former et les envoyer au combat. «C’est exactement le but de la nouvelle loi, qui doit aider le Kremlin à éviter une nouvelle mobilisation officielle», analyse-t-il.
C’est également l’avis d’Andreï Kartapolov, président de la commission de la défense de la Douma. Selon lui, ces amendements ont été pensés pour une mobilisation générale. «On sent déjà l’odeur de cette grande guerre», affirme-t-il.
Une chose est sûre: malgré les nombreux gains des Ukrainiens, Vladimir Poutine ne compte pas baisser les armes de sitôt. Et les moyens financiers ne devraient pas faire défaut. «Le trésor de guerre du Kremlin est toujours plein à craquer, rapporte Alexander Gabuev. Les usines militaires fonctionnent 24 heures sur 24.»
