Les élections à venir dans les deux Länder de Saxe et de Thuringe pourraient provoquer un véritable séisme politique en Allemagne. Le scrutin de ce dimanche est largement attendu comme un triomphe pour l'AfD, parti d'extrême droite, qui pourrait infliger une défaite cuisante à l'«Ampel» (feu tricolore en français), nom donné à la coalition gouvernementale au niveau fédéral regroupant les socialistes du SPD, les libéraux du FDP et Les Verts.
Dans un sondage réalisé entre le 19 et le 23 août par le journal «Bild», l'AfD pointait en tête en Saxe avec 32% et en Thuringe avec 30% – suivie dans les deux Länder par le parti libéral-chrétien de la CDU, qui arrivait en deuxième position.
L'attaque au couteau commise par le réfugié syrien Issa al H. vendredi 23 août, peu après la clôture de l'enquête, pourrait encore renforcer la position de l'AfD.
Les perspectives sont sombres pour les partis de la coalition gouvernementale (SPD, Verts, FDP). Alexander Marguier, rédacteur en chef du magazine politique «Cicero», déclare à Blick: «Pour les partis de l'Ampel, le résultat s'annonce désastreux.»
Sahra Wagenknecht sur la voie du succès
En Thuringe, selon les sondages, le SPD ne devrait franchir la barre obligatoire des 5% que de justesse, si tant est qu'il y parvienne. Pour le FDP et les Verts, atteindre ce seuil relèvera de la mission impossible. En Saxe, le SPD et les Verts n'atteindront probablement la barre que de très peu, mais le parti «Die Linke» sera en difficulté.
Plus à gauche, le succès de la nouvelle alliance (BSW) de Sahra Wagenknecht est remarquable. L'ancienne figure de la gauche bouleverse la campagne dans les deux Länder. Le BSW est en troisième position dans les sondages et pourrait même détrôner la CDU de la deuxième place en Thuringe. Quelques jours avant le début de la guerre, Sahra Wagenknecht avait encore pris la défense du président russe Vladimir Poutine et exigeait l'arrêt des livraisons d'armes à l'Ukraine.
La migration comme préoccupation majeure
Le principal sujet de préoccupation pour les électeurs de l'Est de l'Allemagne reste l'immigration, suivie par la sécurité, l'éducation et la santé. Le conflit en Ukraine est relégué au second plan, tandis que les questions environnementales arrivent en queue de liste.
La population est profondément divisée: on est soit pour l'AfD, soit résolument contre, votant alors pour n'importe quel autre parti. A Iéna, dans le Land de Thuringe, des affrontements avec la police ont eu lieu lorsque des manifestants ont voulu empêcher une apparition du chef du groupe parlementaire de l'AfD, Björn Höcke. Selon la police, deux fois plus d'affiches électorales ont été détruites cette année qu'avant les élections de 2019.
Avec l'AfD presque assurée de devenir la première force en Thuringe et probablement aussi en Saxe, les négociations pour former une coalition s'annoncent chaotiques. Personne ne veut gouverner avec l'AfD, soulève Alexander Marguier: «La solution la plus probable dans les deux Länder est sans doute une coalition entre la CDU et le BSW.»
Un coup de massue pour le gouvernement fédéral
Ces élections dans l'Est de l'Allemagne, suivies de près par celles du Brandebourg dans deux semaines, auront un impact jusque à Berlin, présume Alexander Marguier: «Ce serait un coup de massue pour le gouvernement fédéral si les partis de l'Ampel étaient éjectés dans les Länder qui votent.»
Les élections de ce week-end sont un avant-goût des élections fédérales prévues en septembre 2025. L'AfD devrait continuer à progresser et, selon Alexander Marguier, le BSW «deviendra également un facteur important à l'échelle nationale.» Les deux ont en commun une ligne critique vis-à-vis de l'immigration et plutôt favorable à la Russie.
Alexander Marguier en est convaincu: «Le succès attendu de l'AfD et du BSW ainsi que la défaite des partis de l'Ampel vont encore aggraver l'instabilité en Allemagne.»