Un expert explique les principaux risques
Des soldats de l'OTAN combattraient en Ukraine selon un ministre polonais

Selon le ministre polonais des Affaires étrangères, des soldats de pays de l'OTAN sont engagés en Ukraine. Si c'est vrai, il s'agirait de la pire des provocations pour Poutine laissant présager une escalade vers le pire, estime l'expert Ralph D. Thiele.
Publié: 12.03.2024 à 08:19 heures
Pour un exercice, des soldats polonais et français traversent la Vistule en Pologne.
Photo: Defodi Images via Getty Images
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Guido Felder

Le président français Emmanuel Macron estime que d'envoyer de soldats des pays de l'OTAN en Ukraine est une possibilité de faire reculer les Russes. Un tel déploiement serait-il déjà en cours? Le ministre polonais des Affaires étrangères Radoslaw Sikorski a déclaré dimanche en ce sens: «Des soldats de pays de l'OTAN sont déjà en Ukraine.»

Blick explique ce que l'on sait d'une intervention de l'OTAN en Ukraine et quelle réaction on pourrait attendre du Kremlin. 

Que sait-on d'une intervention de l'OTAN en Ukraine?

Officiellement, on n'en sait pas plus que les déclarations du ministre polonais des Affaires étrangères. Radoslaw Sikorski n'a pas fait davantage d'informations lors de la manifestation organisée pour le 25e anniversaire de la Pologne au sein de l'OTAN, comme l'écrit le quotidien «Bild». Il a seulement dit qu'il souhaitait «remercier les pays» qui prenaient ce risque en précisant qu'«ils savent qui ils sont». Dans le scandale des écoutes téléphoniques de l'armée allemande, un enregistrement indiquait que les Britanniques avaient «quelques personnes sur place»dans le cadre de l'utilisation de leurs missiles de croisière «Storm-Shadow» livrés à l'Ukraine.

Ralph D. Thiele, président de la société politico-militaire allemande et président d'Euro Défense Allemagne, part du principe que le personnel de l'OTAN est déjà en mission en Ukraine depuis l'annexion de la Crimée en 2014. «Apparemment, la CIA américaine a des personnes sur place depuis des années pour aider les services secrets ukrainiens. En plus, des forces spéciales britanniques et canadiennes aideraient également les Ukrainiens à planifier des interventions et des actions de sabotage.» Les Britanniques auraient l'intention d'aider à faire couler la flotte russe en mer Noire.

À quel point l'OTAN est-elle divisée?

Il n'y a pas d'unanimité au sein de l'OTAN sur l'intervention de leurs soldats dans ce conflit. Le chancelier allemand Olaf Scholz rejette catégoriquement cette idée. Que ce soit actuellement ou dans le futur: «Il n'y aura pas de troupes au sol, pas de soldats envoyés sur le sol ukrainien par des États européens ou des États de l'OTAN.» Du côté de l'OTAN, on affirme ne pas avoir de projets de troupes de combat sur place.

Emmanuel Macron estime toutefois qu'une intervention est possible et souligne que chaque pays peut décider de manière autonome d'engager des troupes au sol, sans l'aval de l'OTAN. «Nous ferons tout ce qu'il faut pour que la Russie ne puisse pas gagner cette guerre», explique le Président français.

L'Ukraine a-t-elle besoin de soldats étrangers?

Il ne fait aucun doute que l'Ukraine ne peut retenir les envahisseurs russes que grâce aux livraisons d'armes occidentales. Et l'Ukraine a aussi besoin de nouveaux soldats. «L'Ukraine a elle-même encore un grand potentiel auquel elle peut recourir», estime Ralph D. Thiele. «Il y a environ 500'000 Ukrainiens que le président Volodymyr Zelensky n'enrôle pas pour des raisons de politique intérieure et de popularité», explique-t-il.

Le Kremlin peut-il réagir avec des armes nucléaires?

Ralph D. Thiele estime qu'une intervention des soldats de l'OTAN en Ukraine est «incendiaire». Certes, l'armée russe enregistre actuellement des succès sur le front. Mais si les troupes de l'OTAN faisaient pencher la balance en faveur de l'Ukraine, le Kremlin pourrait avoir une réaction violente. «Si Poutine était mis sur la défensive par des soldats de l'OTAN, il faudrait partir du principe qu'il mettrait ses menaces à exécution sans retenue et qu'il aurait recours aux armes nucléaires», imagine le Président d'Euro Défense.

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