Un ex-officier russe livre des détails explosifs sur les techniques de Poutine
«Nous étions prêts à lancer une attaque nucléaire»

Un ex-officier russe a livré un aperçu du fonctionnement des forces nucléaires russes. Il parle d'un état d'alerte constant au début de la guerre et met en garde contre une sous-estimation de l'arsenal nucléaire russe.
Publié: 26.11.2024 à 18:41 heures
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«Nous étions prêts à déployer des troupes en mer et dans les airs et, en théorie, à lancer une attaque nucléaire.» C'est ainsi qu'un déserteur russe décrit la situation au début de la guerre en Ukraine.
Photo: IMAGO/SNA
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Daniel Macher

Anton* a été officier dans une installation nucléaire top-secrète en Russie. Des documents que la BBC a pu consulter confirment son unité, son grade et la base où il était stationné. Depuis, il a déserté l'armée russe. Il a révélé des détails explosifs sur la menace nucléaire qui pèse sur la Russie.

Comme Anton l'a raconté à la chaîne de télévision britannique, la base d'armes nucléaires sur laquelle il servait était prête au combat le jour de l'invasion russe, en février 2022. «Nous étions prêts à déployer des troupes sur l'eau et dans les airs et, en théorie, à lancer une frappe nucléaire.»

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Cette déclaration coïncide avec l'annonce publique par Vladimir Poutine d'un «mode de service de combat spécial» pour les forces de dissuasion nucléaire peu après le début de la guerre.

Durant les premières semaines du conflit, la base était en état d'urgence jusqu'à ce que le chef du Kremlin lève l'état d'alerte, selon l'ex-officier. «Nous étions enfermés dans la base. Nous n'avions que la télévision d'État russe. Je ne savais pas vraiment ce que tout cela signifiait. J'ai automatiquement rempli mes obligations.»

«Le pays dispose d'un énorme arsenal nucléaire»

Le déserteur contredit les experts occidentaux qui considèrent les armes nucléaires de la Russie comme obsolètes. «Le pays dispose d'un gigantesque arsenal nucléaire, d'une énorme quantité d'ogives et effectue des patrouilles de combat permanentes sur terre, en mer et dans les airs.» L'entretien et la confection des armes se poursuivrait sans interruption.

Les descriptions d'Anton donnent un rare aperçu des procédures ultra-secrètes des forces nucléaires russes. Il évoque des contrôles stricts sur la base, avec des tests réguliers au détecteur de mensonges et l'interdiction d'utiliser un téléphone portable.

On y est comme dans une société fermée, poursuit Anton, «il n'y a pas d'étrangers là-bas. Si vous voulez que vos parents vous rendent visite, vous devez déposer une demande trois mois à l'avance auprès du service de sécurité du FSB.»

«C'est un crime de guerre!»

Lorsqu'il a refusé de diffuser de la propagande faisant l'apologie de la guerre, Anton est entré en conflit avec ses supérieurs. «Ils ont dit que les civils ukrainiens étaient des combattants et devaient être exterminés! Pour moi, c'est une ligne rouge: c'est un crime de guerre!»

En guise de punition, il devait être muté au front. Anton a alors déserté avec l'aide de l'organisation Idite Lesom, qui aide les objecteurs de conscience à s'échapper. Selon le groupe, le nombre de déserteurs est passé à 350 par mois.

Une vie en secret

Malgré les risques encourus par les déserteurs – au moins un a déjà été tué – Anton veut continuer à aider les soldats à s'échapper. «Je suis conscient que plus je le fais, plus la probabilité qu'ils essaient de me tuer est grande.»

Bien qu'Anton ait tourné le dos à la Russie depuis longtemps, il y est cependant toujours recherché par les services de sécurité, selon ses dires: «Je prends des précautions ici, je travaille au noir et je n'apparais dans aucun système officiel.»

*Nom modifié

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