Donald Trump souhaite mettre fin rapidement à la guerre en Ukraine. Mais comment le prochain président américain peut-il réussir à négocier une paix durable? En tout cas pas en interrompant unilatéralement l'aide à l'Ukraine. Car il serait alors avantageux pour Poutine de s'approprier tout le pays. Trump ne peut pas non plus construire la paix sur sa «bonne» relation personnelle avec le président russe. Le Kremlin a déjà beaucoup trop investi dans cette campagne sanglante.
Il est donc clair qu'il doit exercer une pression massive sur la Russie pour l'amener à la table des négociations. Et pour cela, le prochain président américain a beaucoup de choses en réserve et Poutine un point sensible...
Le porte-monnaie de Poutine
Cette semaine, les Etats-Unis ont augmenté la pression militaire en libérant le système de missiles ATACMS pour l'Ukraine. Malgré l'opposition du camp Trump, on peut imaginer que Joe Biden a fait cela en accord avec son successeur: l'armée russe est désormais plus vulnérable. Le ravitaillement et l'organisation sont également plus compliqués et donc plus coûteux. La guerre est déjà un énorme fardeau pour l'économie russe. Pour l'année 2025, Moscou prévoit un total de 40% des dépenses budgétaires pour l'armée et la sécurité, dont la majeure partie pour la guerre.
Rüdiger von Fritsch, ancien ambassadeur d'Allemagne à Moscou, a esquissé mercredi une manière dont le prochain président américain pourrait «toucher au porte-monnaie» du chef du Kremlin. Selon lui, les sanctions mises en place après l'invasion du 24 février 2022 continuent de produire leurs effets. L'inflation dans le pays est élevée. L'année dernière, le prix du beurre a par exemple augmenté de 25% et celui des pommes de terre de 50%. La banque centrale russe a augmenté son taux directeur à 21% en octobre, ce qui pose de sérieux problèmes à tous ceux qui doivent payer des intérêts.
Faire baisser le prix du pétrole
Toujours selon Rüdiger von Fritsch, Vladimir Poutine finance principalement la guerre de deux manières. D'une part, il consomme les réserves du fonds souverain russe. Depuis le début de la guerre, les liquidités sont passées de 175 à 50 milliards de dollars américains. Deuxièmement, il utilise les recettes de la vente de pétrole et de gaz naturel. La Russie a toutefois besoin d'un prix du pétrole d'environ 70 dollars le baril, explique l'ancien ambassadeur. Or, à l'heure actuelle, le prix de vente pour la Russie se situe plutôt autour de 60 dollars, car le pays doit accorder un rabais à la Chine. «Si le prix baisse encore plus, cela deviendra difficile.»
C'est là que Trump peut intervenir. Il a déjà lancé le slogan «Drill, Baby, drill!» pour augmenter la production pétrolière américaine. Il pourrait en outre libérer une partie de la réserve nationale afin de faire rapidement baisser le prix du pétrole. «C'est ni plus ni moins que le talon d'Achille de Vladimir Poutine, explique Rüdiger von Fritsch. Car il pourrait alors avoir de grandes difficultés à financer sa guerre.»
Michael Waltz, que Trump a entre-temps nommé conseiller à la sécurité nationale, a lui aussi proposé une approche similaire. Dans «The Economist», il écrivait avant les élections: «L'Amérique peut utiliser des moyens de pression économiques, dont la levée de l'interdiction d'exportation de gaz liquide et une action ferme contre les ventes illégales de pétrole russe.» Si Poutine refuse les discussions, Washington pourrait «fournir encore plus d'armes à l'Ukraine avec moins de restrictions sur leur utilisation.»
L'espoir de Zelensky
Volodymyr Zelensky place lui aussi ses espoirs en Donald Trump. «Avec la politique qui sera bientôt menée à la Maison Blanche, je pense que la guerre se terminera rapidement». Et d'ajouter que «l'Ukraine fera sa part pour que cette guerre se termine l'année prochaine, et ce par des moyens diplomatiques.»
Ce qui est important pour Trump, c'est le signal qu'enverra une éventuelle paix en Ukraine. Il est conscient que le retrait chaotique de Biden d'Afghanistan en 2021 a affaibli la réputation des Etats-Unis en tant que «gendarme du monde».
Le futur président ne doit donc pas accorder à Poutine une victoire facile, même si d'importantes parties de l'Ukraine resteront probablement provisoirement sous contrôle russe. En contrepartie, Trump doit donner à l'Ukraine des garanties de sécurité stables. Les Etats-Unis pourraient ainsi continuer à jouer leur rôle de gardien de l'ordre international, afin que l'exemple de Poutine ne fasse pas école.