Un enquêteur-choc déballe
«Donald Trump est fou à lier»

Michael Wolff a rencontré Donald Trump à Mar-a-Lago. Dans une interview, l'auteur à succès révèle aujourd'hui comment vit l'ex-président, à quoi il ressemble - et pour quelle question Trump se passionne.
Publié: 14.07.2021 à 16:22 heures
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Dernière mise à jour: 14.07.2021 à 20:12 heures
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Aucun des proches de Donald Trump ne croit à la fraude électorale.
Photo: AFP
Fabienne Kinzelmann, Jocelyn Daloz (adaptation)

Donald Trump aurait toutes les raisons du monde de ne pas parler à Michael Wolff, journaliste et enquêteur de renom outre-Atlantique qui a déjà écrit deux livres d'enquête à charge sur l'homme d'affaires et politicien sulfureux. Il n'a toutefois pas résisté à la tentation du buzz et a rencontré l'enquêteur, qui publie actuellement son troisième ouvrage sur l'ancien président, «Landslide», principalement axé sur les mensonges de fraude électorale et la prise d'assaut du Capitole par les supporters de Trump le 6 janvier 2021.

Dans une interview accordé au journal allemand «Der Spiegel», Michael Wolff raconte les coulisses de cette rencontre surréaliste. Il affirme notamment que «personne dans l'entourage du président ne croyait réellement qu'il avait gagné les élections». Mais le personnel de la Maison Blanche, tétanisé par la rage du président, n'a eu de cesse de lui «donner des bonnes nouvelles» durant les élections de novembre 2020. Ils auraient par exemple raconté à Donald Trump que selon des «canaux non officiels», les dirigeants européens Angela Merkel, Emmanuel Macron et Boris Johnson soutenaient sa contestation du résultat des élections.

Trump considère Merkel comme sa «grande fan»

Michael Wolff a par ailleurs interrogé Donald Trump au sujet d'Angela Merkel lors de son entretien à Mar-a-Lago, s'attendant au grand déballage. «Je pensais qu'il dirait des choses terribles sur elle.» Mais Donald Trump se serait contenté de déclarer: «Angela, c'est une grande fan.»

Michael Wolff dépeint un homme complètement inapte au poste qu'il a occupé pendant quatre ans. «C'est dangereux parce qu'il est fou à lier, il vit dans une réalité très différente, et pourtant il parvient à entraîner une bonne partie du pays avec lui». Durant l'attaque du Capitole, Trump était complètement dépassé par la situation et aurait laissé les choses s'envenimer plus par incompétence que par vilenie.

L'ex-président veut attirer l'attention, peu importe de qui et comment

Dans son club privé de Mar-a-Lago, Donald Trump cultive sa cour de fidèles, qui y cabriole comme les nobles à Versailles. Tous les soirs, il «siège» sur sa terrasse, attablé avec son épouse Melania, dans une zone séparée du commun des mortels par un cordon rouge. «Ce n'est pas vraiment un dîner, ces deux-là sont plutôt comme les mariés lors de leur grand jour. Les gens viennent lui faire des rodomontades, tandis qu'il monologue sans discontinuer.»

Michael Wolff observe un homme qui ne se préoccupe pas de avec qui il parle, tant qu'il parle. «Les gens autour de lui deviennent des accessoires pour lui permettre de briller. Lorsque j'étais avec lui, il me présentait comme Michael Wolff, le plus grand écrivain du monde, et ainsi de suite.»

Trump est persuadé qu'Epstein a été assassiné

Ce qui surprend Michael Wolff, c'est de voir l'homme qui a occupé la «position la plus difficile au monde» pendant quatre ans en restant autant en forme. «La plupart des présidents prennent un coup de vieux. Trump a l'air d'une forme olympique.»

Ce qui a également frappé l'enquêteur, c'est de voir l'obsession de Donald Trump pour Ghislaine Maxwell, l'ex-compagne du délinquant sexuel Jeffrey Epstein, actuellement incarcérée et visée par une enquête pour sa complicité dans le réseau pédophile qu'entretenait le trader ami de personnalités influentes. «Il ne cessait de demander aux gens leur avis sur le sujet... Est-ce qu'elle va dénoncer quelqu'un? Que va-t-elle dire?» Michael Wolff dit aussi que selon de multiples sources, Donald Trump croit dur comme fer qu'Epstein a été assassiné en prison, et ne s'était pas suicidé. Il n'a toutefois pas eu l'occasion de s'entretenir avec l'ancien président à ce sujet.

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