Il y a de quoi se frotter les yeux: l'UDC de la ville de Zurich veut célébrer le concours Eurovision. Au Parlement, les représentants de l'UDC demandent une autorisation simple pour les projections publiques du concours à Zurich. Le Conseil municipal devrait examiner comment celles-ci «peuvent être autorisées sur le domaine public de manière non bureaucratique et sans conditions supplémentaires». Cela serait dans l'intérêt de nombreux établissements de restauration, souligne l'UDC dans une intervention.
Pour rappel, le plus grand évènement musical du monde se déroulera en mai à Bâle, après que l'artiste Nemo a remporté le concours pour la Suisse. Pour obtenir l'adjudication, la ville a dû s'imposer face à Genève et Zurich, entre autres. L'UDC de Zurich s'engage pour le concours, mais non pas sans confusion au sein du parti. En effet, dans plusieurs villes, le parti s'est prononcé contre le financement et l'organisation de l'évènement et certains de ses membres ont émis de vives critiques. D'autres ont au contraire témoigné de leur soutient à la manifestation.
Une politique confuse à Zurich
La «politique Eurovision» de l'UDC à Zurich est particulièrement déroutante. Aujourd'hui, elle se fait le défenseur des projections publiques. Pourtant, le parti ne voulait pas que le concours ait lieu à Zurich. Il avait notamment rejeté un crédit à cet effet.
Les Jeunes UDC ont même lancé un référendum à Zurich, considérant qu'il était «étrange» que l'on soutienne avec des fonds publics un événement qui est utilisé abusivement pour faire des déclarations politiques. Une fois Zurich hors course, le référendum n'a plus été nécessaire.
Au niveau national, l'UDC a demandé des référendums dans toutes les villes candidates afin de mettre un terme à l'utilisation de l'argent des contribuables pour l'Eurovision. Ainsi, le parti aurait également voulu lancer un référendum à Berne contre la contribution cantonale prévue pour l'ESC. Le président de l'UDC Marcel Dettling estime que le concours est un «événement arc-en-ciel embarrassant». Il a encouragé les groupes parlementaires de l'UDC à s'opposer à l'organisation de l'évènement.
«Ça me dégoûte vraiment»
Pour la conseillère nationale UDC Sandra Sollberger, le concours était autrefois un moment fort, comme elle l'a déclaré récemment à Blick. «Aujourd'hui, l'Eurovision s'est malheureusement transformé en un détestable show politique. L'abus politique de cette manifestation autrefois de haut niveau me dégoûte vraiment.» Le «gaspillage» de 35 millions de francs d'impôts l'agace au plus haut point. «C'est pourquoi je partirai en vacances pendant l'Eurovision.»
L'UDC de Bâle-Ville voit les choses d'un tout autre œil. Elle a soutenu l'événement à une large majorité. «Au sein du groupe, il était relativement clair que nous soutenions le concours à Bâle», a déclaré le président de la section cantonale Pascal Messerli au «Tages-Anzeiger». Il a également mis en avant des arguments économiques: «Nous ne pouvons pas toujours râler lorsque des fleurons du secteur hôtelier disparaissent et ne pas saisir une telle opportunité.»
Et à Zurich? Le parti ne veut pas entendre parler d'un changement de cap. La menace de référendum a permis d'éviter que le concours de l'Eurovision, financé par l'argent des contribuables, n'ait lieu à Zurich, a expliqué Samuel Balsiger, chef du groupe UDC au conseil municipal, au «Regionaljournal». On veut maintenant donner la main aux entreprises de restauration qui veulent faire des affaires avec l'évènement, et ce sans bureaucratie.