Elon Musk, le célèbre patron de SpaceX, se trouve au centre des préoccupations des autorités américaines. En cause, la collaboration entre son entreprise spatiale et l'armée: des dossiers classés secrets d'Etat. Seule une poignée d'employés triés sur le volet ont accès à ces informations... et le milliardaire n'en fait pas partie. Bien qu'il détienne une habilitation «top secret», qui lui permet d'accéder à certaines données confidentielles, il est exclu des dossiers les plus sensibles.
Cependant, même son accès actuel est remis en question. Selon le «New York Times», Elon Musk est visé par trois enquêtes fédérales pour manquement aux protocoles de sécurité nationale. Le journal révèle que le milliardaire aurait omis de déclarer des détails cruciaux sur ses interactions avec des dirigeants étrangers, notamment Vladimir Poutine, et que ses antécédents en matière de consommation de drogues suscitent des interrogations sur sa fiabilité.
Des employés de SpaceX expriment leurs préoccupations quant à la capacité de Musk à gérer des informations sensibles, notamment en raison de son utilisation de la plateforme X, où il mêle des sujets légers à des commentaires sur des rencontres diplomatiques. Plusieurs alliés, dont Israël, ont également fait part de leurs craintes, redoutant qu'il ne partage des informations stratégiques avec des acteurs étrangers.
Le parcours du combattant
Si le gouvernement se montre prudent avec SpaceX, c'est en raison de la nature des dossiers que l'entreprise traite. En tant que sous-traitant de la Défense américaine, elle gère des contrats sensibles avec des agences militaires et de renseignement.
Jusqu'en 2018, Elon Musk, directeur général et fondateur de SpaceX, ne disposait que d'un niveau d'habilitation de sécurité intermédiaire. Cette année-là, l'entreprise a demandé qu'il obtienne un accès au niveau supérieur, le «top secret». Pour accorder ce statut, les autorités mènent une enquête approfondie, examinant les finances, les relations personnelles, les antécédents familiaux et le cercle social du candidat.
Dans le cas d'Elon Musk, la procédure a pris un délai inhabituel de deux ans, soit deux fois plus longtemps que la moyenne. Pendant cette période, il a été filmé dans le podcast de Joe Rogan en train de fumer de la marijuana, un comportement strictement interdit pour toute personne sollicitant une habilitation de sécurité de ce niveau.
La kétamine, un problème
Tout au long de son habilitation «top secret», le titulaire doit déclarer certains aspects de sa vie personnelle et professionnelle. C'est là qu'Elon Musk pose problème. Depuis 2021, lui et son équipe chargée de le superviser n’ont pas rapporté certains détails sur ses réunions et voyages à l'étranger. Parallèlement, le fondateur de l'entreprise spatiale documente ses activités sur X, sans en informer les autorités compétentes.
En août 2023, il a justement révélé sur plateforme sociale qu'il utilisait de la kétamine, un anesthésiant psychédélique, pour gérer des épisodes de «chimie cérébrale super négative», ajoutant qu’il disposait d’une ordonnance. Cependant, toute consommation de drogue doit être signalée au ministère de la Défense, ce qu’il n’a pas fait. A cette période, l’armée de l’air lui a refusé l’accès à des programmes classifiés hautement sensibles.
Une relation avec Poutine
Ses contacts réguliers avec Poutine posent également question. «Le fait qu’une personne ayant des contrats importants avec le gouvernement soit en mesure de transmettre – délibérément ou par inadvertance – des secrets est inquiétant» affirme la sénatrice démocrate Jeanne Shaheen. L'armée de l'air et le bureau des sous-secrétaires ont lancé des enquêtes pour faire la lumière sur cet aspect.
Un élément pourrait rebattre les cartes: la nomination d'Elon Musk par Donald Trump à la tête d'un ministère de l'Efficacité gouvernementale. Lors de son investiture, le futur président des Etats-Unis pourrait alors accorder une habilitation de sécurité de haut niveau à n'importe qui... même si des membres de son gouvernement s'y opposent.