Les images ont fait le tour du monde: la semaine dernière, le président russe Vladimir Poutine et le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un ont fait le tour de Pyongyang en riant et en plaisantant dans une limousine russe Aurus. La première visite de Vladimir Poutine dans la capitale nord-coréenne depuis près d'un quart de siècle avait pour but de mettre en évidence le rapprochement entre les deux puissances nucléaires.
Le chef du Kremlin est également arrivé avec un cadeau coûteux dans ses bagages: il a apporté à son allié nord-coréen une deuxième limousine de luxe de type Aurus Senat – la voiture présidentielle officielle de la Russie. Kim en avait reçu une première en février. Le prix des voitures Aurus commence à 46,625 millions de roubles (près de 486'000 francs). Lors de son dévoilement en 2018, la limousine Aurus devait incarner la force de la Russie et sa dépendance réduite vis-à-vis des technologies et des marchandises importées. Il s'agissait en quelque sorte de la réponse russe à Rolls-Royce.
Des pièces importées pour une valeur de plus de 34 millions
Mais des documents douaniers montrent désormais que l'entreprise importe des pièces de l'étranger à grande échelle. C'est ce que rapporte Reuters. Une partie d'entre elles proviendraient même de Corée du Sud, que Kim qualifie d'«ennemi principal» de son pays.
Selon Reuters, Aurus a importé entre 2018 et 2023 des équipements et des composants d'une valeur d'au moins 34 millions de dollars pour la construction de voitures et de motos. Parmi eux, des pièces de carrosserie, des capteurs, des commandes programmables et des interrupteurs d'une valeur de près de 15,5 millions de dollars en provenance de Corée du Sud. Mais des pièces auraient également été importées de Chine, d'Inde, de Turquie, d'Italie et d'autres pays de l'UE. L'agence de presse a indiqué ne pas avoir accès à des données plus récentes.
Reuters n'a pas pu déterminer quelles pièces importées de l'étranger ont atterri dans la voiture offerte. Une demande de l'agence de presse auprès du constructeur est restée sans réponse. Mais «les importations indiquent que la Russie continue à dépendre de la technologie occidentale et tente de contourner les sanctions occidentales», écrit Reuters.