Un atout pour l'armée
Ce dissident nord-coréen est un véritable «héros» pour l'Ukraine

Un dissident nord-coréen soutient l'Ukraine dans sa lutte contre les troupes de Poutine. Seongmin Lee aide à traduire et à analyser des informations sur les soldats nord-coréens qui combattent pour la Russie.
Publié: 08.03.2025 à 06:12 heures
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Depuis cet hiver, Poutine reçoit le soutien de milliers de soldats de Kim Jong-un dans sa lutte contre l'Ukraine.
Photo: keystone-sda.ch
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Sandra Marschner

Cet hiver, lorsque l'armée russe a bénéficié du renfort de milliers de soldats nord-coréens, l'Ukraine s'est retrouvée face à un défi de taille: un manque criant de spécialistes du coréen et une compréhension limitée du régime de Kim Jong-un. C'est alors qu'un allié inattendu est entré en scène pour l'aider à décrypter cette nouvelle menace: le dissident nord-coréen Seongmin Lee.

Ce défenseur des droits de l’homme est né à Hyesan, une ville frontalière de la Corée du Nord. En 2009, il a réussi à fuir vers la Corée du Sud avec sa mère. «J’aurais pu mourir sur le champ de bataille», confie-t-il au «Wall Street Journal». Aujourd’hui âgé de 37 ans, il a fondé en 2016 Flash Drives for Freedom, une organisation ayant diffusé des informations sur Corée du Nord via 100'000 clés USB.

Par le biais de NK Insider, un site d'information anglophone, il est entré en contact avec d'autres réfugiés nord-coréens et s'est penché avec eux sur son pays d'origine, rapporte «Welt». C'est également par le biais de ce site que l'Ukraine lui a demandé de l'aide afin de fournir des informations sur les soldats nord-coréens. 

Des centaines de morts

Des documents cruciaux sont traduits, tandis que les données et les journaux des soldats nord-coréens tombés au combat sont analysés. Selon Seongmin Lee, cette approche a déjà permis de documenter des pertes. Certaines entrées révèlent un «manque de connaissance de la tactique de l’ennemi», tandis que d’autres mettent en lumière un déficit de coordination entre les troupes russes et nord-coréennes.

D’après les estimations, environ 12'000 soldats nord-coréens combattent aux côtés de l’armée russe. Envoyés au front sans expérience des systèmes d’armes modernes ni maîtrise des tactiques russes, ils sont utilisés comme chair à canon. Selon les renseignements américains et ukrainiens, plusieurs centaines d’entre eux auraient déjà perdu la vie. D’autres estimations évoquent un tiers des effectifs tués ou blessés.

Pour encourager les soldats nord-coréens à se rendre, Seongmin Lee participe à la rédaction de tracts, déposés par les forces ukrainiennes autour des corps de leurs compatriotes tombés. Il divulgue des messages clairs et directs, évitant les termes comme «se rendre» ou «capituler», perçus comme synonymes de trahison ou de honte.

Le régime conduit à la mort

Le défenseur des droits humains insiste: «C’est ainsi que le régime considère ses citoyens: comme de simples outils, et non comme des individus ayant de la valeur. Si le dictateur te donne un ordre, tu l’exécutes, sinon les conséquences peuvent être désastreuses pour toi et ta famille. Dans ce sens, les Nord-Coréens qui combattent en Russie sont aussi des victimes de leur propre régime. Ils n’ont pas le choix.»

Dans une interview accordée au «Welt», Seongmin Lee explique que l’armée nord-coréenne reçoit l’ordre strict d’éviter à tout prix d’être capturée vivante. Par peur de trahir leur pays, de nombreux soldats préfèrent se suicider plutôt que de tomber aux mains de l’ennemi. «En Corée du Nord, dès l’enfance, on vous abreuve de films de propagande sur la guerre de Corée, où ceux qui ont été faits prisonniers et sont rentrés sont systématiquement dépeints comme des espions ou des lâches», ajoute-t-il.

«C’est un droit humain!»

Amed Khan, un activiste américain engagé pour l’Ukraine, a multiplié les échanges avec Seongmin Lee. Dans le «Wall Street Journal», il souligne l'importance capitale de son travail et le qualifie de «héros de l'Ukraine».

Pour Seongmin Lee, la communication avec les soldats nord-coréens est essentielle. «Je veux qu’ils comprennent que quitter la Corée du Nord n’est pas une trahison», insiste-t-il dans une interview. «C’est un droit humain!»

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