Le texte de la Convention de Berne qui déclasse le statut de protection du loup, le rétrogradant d'"espèce de faune strictement protégée» à «protégée», est entré en vigueur, a annoncé vendredi le Conseil de l'Europe, même s'il ne s'appliquera pas dans trois pays qui ont notifié des objections.
Le Comité permanent de la Convention de Berne, relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l'Europe, a voté la décision relative au loup le 6 décembre dernier. «Cette décision, qui implique une réduction du niveau de protection, devait entrer en vigueur trois mois plus tard, sauf objection d'au moins un tiers des Parties à la Convention», rappelle le Conseil de l'Europe.
Tuer plus facilement
La Convention de Berne comprend 50 membres, il aurait ainsi fallu qu'au moins 17 d'entre eux formulent des objections au texte pour empêcher son application. «Au cours de cette période de trois mois, trois Parties ont formellement notifié des objections: la République tchèque, Monaco et le Royaume-Uni.
Par conséquent, la décision de modifier le statut de protection du loup ne s'appliquera pas à ces trois Parties. Toutefois, la décision prend effet immédiatement (à compter du 6 mars 2025) pour les autres Parties à la Convention», poursuit le Conseil de l'Europe, vigie des droits de l'homme sur le continent.
«On ne pourra pas se mettre à chasser le loup sans aucun cadre, mais un déclassement permettrait de généraliser la possibilité de tirer et de tuer des loups, selon des règles qui devront être déterminées nationalement», avait expliqué le directeur des programmes de WWF-France, Yann Laurans, avant le vote de la décision.
Population en hausse
C'est l'Union européenne, cherchant à mieux protéger le bétail dans un contexte d'augmentation de la population des loups, qui avait déposé la proposition de texte adoptée par la Convention de Berne. La Commission a d'ailleurs proposé dès vendredi une révision des règles de l'UE afin de refléter ce changement de statut.
La population de loups est en hausse sur le continent, atteignant les 20.300 individus recensés dans l'UE en 2023. Ce regain donne lieu à des prises de position parfois enflammées entre partisans et opposants du carnivore.
A l'automne 2023, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, qui a perdu elle-même son vieux poney tué par un loup dans la propriété familiale du nord de l'Allemagne, plaidait pour abaisser le niveau de protection de l'animal. «Dans certaines régions européennes, les meutes de loups sont devenus un véritable danger, particulièrement pour le bétail», a assuré Mme von der Leyen sur X.