A pied, en 4x4 ou à l'affût, les gardes-faune ont passé leurs cinq derniers mois à traquer le loup. La chasse à ce grand prédateur craintif et rusé est exigeante, malgré l'utilisation de caméras thermiques et d'appareils de vision nocturne. Des moyens qui sont normalement interdits et mal vus lors de la traque.
Une centaine de loups ont été abattus lors de la chasse préventive jusqu'à fin janvier. Pour ce faire, les spécialistes de la chasse des cantons ont passé des milliers d'heures à parcourir la nature sauvage, surtout après la tombée de la nuit. Et ce, souvent en plus de leurs tâches habituelles. Une charge de travail qui a poussé les gardes-chasse au-delà de leurs limites.
Rien qu'en Valais, la gestion du loup a nécessité près de 17'000 heures de travail l'année dernière. Selon le Service de la chasse, de la pêche et de la faune, les 26 gardes-faune ont effectué 6400 heures supplémentaires réparties sur l'ensemble de leur champ d'activité. En moyenne, cela représente 250 heures supplémentaires par garde-faune, ce qui correspond à environ six semaines de travail pour un temps plein.
Des conditions plus que difficiles
Pourtant, avant même la première chasse préventive au loup en 2023, les gardes-faune valaisans gémissaient déjà sous le poids de la présence toujours plus forte du loup. L'appel à du personnel supplémentaire n'a toutefois pas été entendu par les politiques. Qui plus est, les heures supplémentaires effectuées par les gardes-chasse ont été supprimées sans être remplacées, car il semblait impossible de les compenser avec tout ce travail.
Les hostilités auxquelles ils sont régulièrement confrontés sur le terrain, allant jusqu'aux insultes et aux menaces, constituent une charge supplémentaire pour les gardes-chasse. Le conseiller d'État vaudois verts Vassilis Venizelos fait également état de conditions de travail difficiles. Des militants pro-loups auraient notamment tenté d'empêcher des tirs.
Albert Rösti pointé du doigt
L'année dernière, les gardes-faune vaudois ont consacré 7000 heures à la gestion des loups, ce qui explique que d'autres tâches importantes soient restées en suspens, selon les autorités. Six loups ont été abattus dans le Jura vaudois au cours des cinq derniers mois et les agents ont passé 115 nuits sur la route. Cela signifie que les gardes-faune ont passé en moyenne 20 nuits en forêt pour chaque loup tué.
Vassilis Venizelos doute que les 30 bovins tués dans le canton de Vaud justifient un tel investissement en personnel et, en fin de compte, en argent. Il ne veut pas minimiser la situation difficile des agriculteurs qui perdent des animaux, mais le personnel engagé pour la gestion du loup est «probablement disproportionné», déclare Vassilis Venizelos. Selon lui, les gardes-faune ne disposent pas des ressources nécessaires pour répéter cet effort à l'avenir.
A la place, Vassilis Venizelos espère une meilleure protection des troupeaux. «Pour 2025, je souhaite que l'on investisse moins de temps, moins d'argent et moins d'énergie dans la régulation et davantage dans la protection», déclare Vassilis Venizelos. Mais la Confédération, sous l'impulsion du ministre de l'Environnement Albert Rösti, ne joue pas le jeu et se retire de la protection des troupeaux, critique le responsable vaudois de l'environnement. «C'est un non-sens!»