Trois Suisses racontent l'émirat
«La bureaucratie est très lente, l'hospitalité formidable»

Plus de 200 Suisses vivent au Qatar. Trois d'entre eux racontent à Blick leur quotidien et leur travail dans l'émirat.
Publié: 31.10.2022 à 18:18 heures
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Dernière mise à jour: 31.10.2022 à 18:20 heures
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Les Suisses Stefan Spichtig (à gauche) et Reto Welti vivent et travaillent au Qatar.
Photo: Blick
Ramona Schelbert, Tobias Ochsenbein

Nous nous trouvons dans le lobby de l'hôtel The Torch, l'une des tours de Doha abritant un établissement cinq étoiles. Durant l'interview de plusieurs Suisses sur leur quotidien au Qatar, les questions épineuses portant sur les droits humains dans l'émirat ne font pourtant pas fuir ces derniers, émerveillés par la qualité de vie que leur offre le pays. Alors le Qatar, si souvent critiqué par l'Occident, est-il une oasis de paix pour les Suisses?

Leur plus grand défi: la bureaucratie!

La capitale du Qatar, Stefan Spichtig la connaît bien. Voilà cinq ans que cet homme originaire de Suisse centrale y a élu domicile pour des raisons professionnelles.

L'Alémanique a le regard doux et la voix agréable. Notre «guide» est très prolifique en anecdotes sur la culture qatarie, ce pays qui se transforme très rapidement. «Ici, j'ai travaillé avec des gens qui m'ont dit qu'ils vivaient auparavant sous une tente et qu'ils se rendaient désormais au bureau en Toyota Land Cruiser», sourit notre interlocuteur.

Il reprend: «J'ai constamment des discussions avec mes collègues qataris sur certains comportements qui varient beaucoup de la Suisse. Par exemple, je leur demande souvent pourquoi ils ne nettoient jamais quoi que ce soit derrière eux. Ils me répondent alors: 'Dans le cas contraire, on prendrait le travail de quelqu'un d'autre...'»

«La patience est la clé de presque tout ici»

Assis à côté de lui, Reto Welti reste silencieux la plupart du temps et écoute. Il a pour sa part emménagé à Doha il y a deux ans et travaille pour une entreprise suisse implantée au Qatar, tout comme Stefan Spichtig. Il connait lui aussi les avantages et inconvénients de la vie dans l'émirat.

Un des plus grands défis des deux Suisses au Qatar est surprenant: la bureaucratie. «Les départements d'administrations sont énormes et les processus de décision prennent beaucoup de temps. La patience est la clé de presque tout ici», racontent-ils. Ce qu'ils apprécient en revanche est l'hospitalité qatarie, et les progrès politiques et sociaux qui apparaissent petit à petit dans le pays, malgré les polémiques provoquées par la Coupe du monde.

«En tant que femme ici, j'ai toutes les possibilités et libertés»

Fadia Wilson a elle aussi émigré au Qatar. Cette Bernoise d'origine s'est installée à Doha pour sa famille: son mari dirige une entreprise de construction. Elle a déjà vécu dans la capitale qatarie de 2008 à 2018 et est revenue au début de cette année - après être rentrée trois ans en Suisse.

Assise bien droite dans un grand fauteuil, Fadia Wilson choisit ses mots avec soin. Elle explique: «Le Qatar est un melting-pot. Je n'ai rencontré presque nulle part ailleurs autant de personnes différentes. La coexistence et le mélange des cultures fonctionnent ici extraordinairement bien, et même mieux qu'en Suisse.» Sa patrie lui manque pour les paysages, la météo, ou le changement des saisons qui anime la nature, mais elle ne se voit pourtant plus vivre ailleurs qu'au Qatar.

Cette mère de trois enfants aborde avec sérénité les critiques occidentales adressées au Qatar en matière de droits de l'homme. Elle affirme: «En tant que femme ici, j'ai toutes les possibilités et libertés. Je ne suis pas du tout limitée. Je suis revenue vivre ici après être rentrée en Suisse, cela veut bien dire quelque chose!»


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