La Coupe du monde au Qatar «sera la meilleure sur, et en dehors, des terrains». C’est le président de la FIFA, Gianni Infantino, qui l’a encore rappelé cette semaine lors d’un point presse. Le natif de Brigue balaie d’un revers de main les critiques sur les droits humains et le sort de travailleur migrants. Le patron du football mondial a salué les «réformes révolutionnaires du Qatar».
De la passion en tribunes
Le comité d’organisation est prêt à mettre de très gros moyens pour s’assurer que les stades reflètent la même ferveur. La FIFA affirme que les billets de matches se vendent bien. Plus de 92% des 3,1 millions de sésames à disposition auraient déjà trouvé preneur.
Mais le Qatar veut s’assurer que les équipes soient encouragées par de bruyants supporters de leur pays, et pas de simples badauds. Pour ce soir, le «Comité suprême» a proposé aux nations qualifiées d’inviter tous frais payés une cinquantaine d’irréductibles fans sur place.
Une offre généreuse
Vol, hôtel durant au minimum deux semaines et activités touristiques: tout le voyage est gracieusement offert. Un cadeau d’une valeur estimée autour de 20’000 francs si on considère le prix des chambres encore disponibles à Doha durant la compétition.
Selon un document qu’on a pu consulter, quelques conditions doivent être remplies par les heureux élus avant de pouvoir embarquer à l’œil. Entre autres: être majeur, avoir quelques bases d’anglais (ou d’arabe) et résider dans le pays qu’on supporte.
«Les gens vivent bien au Qatar»
Mais certaines consignes sont plus contraignantes: «Les supporters doivent séjourner au Qatar pendant au moins 14 jours à partir du 20 novembre, mais nous espérons que vous et votre groupe resterez pendant toute la durée du tournoi de 29 jours. […] Pendant toute la durée de votre séjour, vous êtes censés participer à des événements sélectionnés et planifiés par le Comité suprême.»
En Suisse, c’est Marcel Rohner qui a été chargé de relayer cette proposition très généreuse. Le Saint-Gallois est le représentant officiel des supporters de la Nati. «Je me suis rendu sur place pour des repérages, explique-t-il à Blick avec enthousiasme. Même s’il a des discussions sur les droits humains, les gens vivent bien au Qatar. Ce sera une grande Coupe du monde et une grande fête avec autant de pays dans la même ville. J’ai été aussi très satisfait par les stades.»
Seulement dix personnes intéressées
A un mois du coup d’envoi, les journées de Marcel Rohner sont bien remplies. Ce cadre de l’industrie électrique est aussi conseiller communal de sa commune d’Eschenbach. Il a partagé l’invitation du comité d’organisation auprès de ses connaissances sur les réseaux sociaux et dans des groupes de messagerie. Il assure accomplir cette tâche bénévolement. «Ni l’Association suisse de football, ni les organisateurs qataris ne me rémunèrent», assure-t-il.
Malgré ses efforts, les cinquante places pour Doha n’ont pas déchaîné les passions. «Seulement dix personnes se sont inscrites», regrette Marcel Rohner. Une première date butoir était fixée au 19 octobre. «Mais ça doit encore être possible de s’inscrire.»
Quelques milliers de Suisses à Doha?
Le représentant officiel des supporters de la Nati apporte trois pistes d’explication à ce manque de succès. «D’abord, certains ne pensent pas que c’est du sérieux, que ce n’est pas une arnaque.»
Deuzio, l’offre est arrivée trop tard. «A un mois de la compétition, les gens intéressés ont déjà réservé leur voyage. Pour les autres, c’est compliqué de poser deux semaines de vacances à la dernière minute en fin d’année.»
Enfin, le dernier point est lié au pays organisateur. «Le Qatar attire moins. Si la Coupe du monde avait lieu en Amérique du Sud ou États-Unis, ce serait différent.»
Combien de Suisses seront présents dans les tribunes à Doha pour applaudir et encourager Shaqiri & Co.? L’Association nationale assurait à Blick, début octobre, avoir épuisé la moitié du contingent de billet à disposition. Soit environ 750 billets pour les matches contre la Serbie et le Cameroun et 1250 tickets pour le Brésil.