Tout dépendra de Trump
Ces trois scénarios décideront du destin de l'Ukraine

L'Amérique se détourne, l’Europe se réorganise, l’Ukraine continue de se battre et Poutine affiche sa confiance dans la victoire. Trois ans après l’invasion russe, la guerre atteint un tournant décisif.
Publié: 10:00 heures
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Dernière mise à jour: 10:06 heures
A l'occasion du troisième anniversaire de l'invasion russe de l'Ukraine, Volodymyr Zelensky a reçu à Kiev la visite de plusieurs chefs d'Etat européens.
Photo: keystone-sda.ch
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Samuel Schumacher

La nouvelle position des Etats-Unis change tout dans la guerre en Ukraine. Trump appuie sur l'accélérateur. Le New-Yorkais veut trouver une solution avec Poutine autour d'une table de négociations réduite, sans s'encombrer des Européens. Du point de vue de l'Ukraine, les Américains passent d'amis à quasi-ennemis.

Mais quel avenir pour la guerre? Les Etats-Unis vont-ils abandonner l’Ukraine? Ou bien assistera-t-on à un retour en force de leur soutien? Blick analyse les trois scénarios les plus probables.

1

Les USA abandonnent Kiev, l'Europe ne peut compenser, l'Ukraine perd

Le président américain a annoncé que la guerre serait terminée «en quelques semaines». Il a qualifié Zelensky de «dictateur»: un terme qu’il n’a pas utilisé pour Poutine.

Trump veut des négociations rapides avec le maître du Kremlin – de préférence sans Européens ni Ukrainiens à la table. Poutine a clairement fait savoir qu'il ne voulait pas parler de restitution de territoires. Des négociations dans ces conditions équivaudraient à une capitulation pour l'Ukraine.

L'Europe ne peut pas combler rapidement le vide créé par le retrait américain malgré le nouveau paquet militaire de six milliards promis par l'UE.

Probabilité: Assez élevée. Trump n'a aucun intérêt à faire traîner la guerre en longueur. Il veut se tourner vers la région du Pacifique, se concentrer sur la Chine et se réconcilier avec sa vieille connaissance Poutine. L’Europe, de son côté, manque d’unité sur la question ukrainienne, comme l’a démontré le sommet européen de Paris aux résultats décevants.

Stabilité: Extrêmement fragile. Rien n'a changé dans l'objectif de Poutine de détruire l'Ukraine en tant que nation indépendante. L'armée russe devrait profiter de la pause dans les combats pour se regrouper et se réarmer. Les experts estiment que Poutine serait en mesure d'attaquer à nouveau l'Europe d'ici cinq ans.

2

Les Etats-Unis laissent tomber Kiev, l'Europe peut livrer, l'Ukraine tient provisoirement le coup

L’exemple du Danemark prouve qu’un effort européen est envisageable. En 2024, les Danois ont transféré l’ensemble de leurs munitions d’artillerie à l’Ukraine. Si d'autres pays leur emboîtaient le pas et si l'Allemagne, par exemple, livrait ses missiles de croisière Taurus à Kiev, cette dernière serait peut-être capable de faire de nouvelles percées sur le front. Un levier européen central serait l'utilisation des quelque 200 milliards d'avoirs russes gelés.

Dans le meilleur des cas, la guerre se poursuivrait jusqu'à ce que Poutine cède et soit prêt à conclure un accord acceptable du point de vue de Kiev.

Probabilité: Assez faible. Tous les Etats européens ne partagent pas l'enthousiasme de l'Europe du Nord et de l'Est pour une aide militaire supplémentaire à Kiev. Par ailleurs, des pays comme la Suisse ne se montrent pas prêts à puiser sans autre dans les avoirs gelés de la Russie pour acheter des armes à l'Ukraine.

Stabilité: Très instable. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, on n'a jamais vu l'Europe faire cavalier seul sans le soutien des Etats-Unis. L'unité de l'alliance militaire de l'OTAN sortirait fortement ébranlée.

3

Les USA changent de cap, front commun contre Poutine, l'Ukraine gagne

Le président français Emmanuel Macron, le Premier ministre britannique Keir Starmer et le chef du gouvernement canadien Justin Trudeau tentent actuellement de convaincre Trump de ne pas abandonner Kiev. Leur argument est le suivant: négocier avec Poutine maintenant serait un signe de faiblesse. Au contraire, il faut lui imposer des limites.

Ce raisonnement pourrait faire mouche. Trump pourrait comprendre qu’une rupture totale avec l’Europe ne sert pas les intérêts américains. Par ailleurs, l'Ukraine pourrait tout de même céder à la tentative de chantage de Trump et lui céder au moins une partie de ses ressources naturelles.

Probabilité: Selon «The Economist», les Ukrainiens eux-mêmes sont perplexes face aux positions toujours changeantes des équipes de négociation de Trump. Il est possible que Trump – notamment sous la pression de forces influentes au sein de son propre parti – s'écarte de sa ligne dure.

Stabilité: Un engagement commun américano-européen sur l'Ukraine maintiendrait la dynamique imprévisible de la guerre jusqu'à ce que l'un des deux camps ait clairement l'ascendant militaire. Tout autre résultat qu'une victoire militaire sur Poutine (c'est-à-dire l'éviction des troupes russes des territoires conquis au moins depuis 2022) conduirait toutefois à une situation extrêmement imprévisible pendant des années.

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