«Tous les Juifs sont des fils de...»
Le procès du jeune qui avait agressé un rabbin s'ouvre à Orléans

Un mois après l'agression en pleine rue du rabbin d'Orléans (au sud de Paris), qui avait suscité une vive émotion et de nombreuses réactions politiques, le procès du jeune suspect interpellé s'est ouvert mercredi devant le tribunal pour enfants de cette ville.
Publié: 15:28 heures
Le procès du jeune suspect interpellé s’est ouvert ce mercredi devant le tribunal pour enfants d'Orléans. (Image prétexte)
Photo: Shutterstock

Un mois après l’agression en pleine rue du rabbin d’Orléans, située au sud de Paris, un événement qui avait suscité une vive émotion ainsi que de nombreuses réactions sur la scène politique, le procès du jeune suspect interpellé s’est ouvert ce mercredi devant le tribunal pour enfants de la ville.

«Il faut que ce soit un moment fort pour tout le monde, pour montrer qu'on a besoin de réponses fermes de la justice», a déclaré le rabbin d'Orléans, Arié Engelberg à son arrivée au tribunal. Il a estimé que chaque agression antisémite doit être considérée comme «symbolique, dans une démocratie comme la France, on n'a pas le droit de se faire agresser». «J'ai une communauté et une famille dont je dois m'occuper, on n'a pas le choix d'avancer et on le fait la tête haute», a-t-il aussi affirmé, rappelant qu'il s'était «défendu» face à son agresseur. «C'est important de dire qu'on reste debout», a souligné le rabbin devant plusieurs journalistes.

Une agression pour laquelle le suspect, «un mineur isolé, arrivé en France depuis moins d'un an», avait déclaré son avocat fin mars, doit être jugé des chefs de violences volontaires commises en raison de l'appartenance ou de la non-appartenance, réelle ou supposée, de la victime à une religion. Le jeune homme sera également poursuivi pour «violences psychologiques» à l'égard du fils d'Arié Engelberg, 9 ans, présent lors des faits.

«Tous les Juifs sont des fils de...»

Contacté par l'AFP, le conseil du prévenu, Me Nicolas Bouteillan, a indiqué ne pas souhaiter communiquer en amont de l'audience. Son client avait déclaré lors de sa garde à vue «être âgé de 16 ans et être de nationalité palestinienne», sans qu'"aucun élément ne permette de remettre en cause l'état de minorité qu'il déclare», selon un communiqué du 24 mars de la procureure d'Orléans, Emmanuelle Bochenek-Puren. Il avait, en fin de garde à vue, finalement affirmé être de nationalité marocaine, selon la magistrate.

Le suspect avait été placé en détention provisoire par le juge des libertés et de la détention «conformément aux réquisitions du ministère public». Confronté aux termes de la plainte déposée et aux témoignages recueillis, il avait alors «nié être à l'origine de l'altercation et soutient s'être défendu». Au sujet de son agression survenue en centre-ville le 22 mars «aux environs de 13H40», le rabbin Arié Engelberg, «accompagné de son fils», a raconté avoir été abordé par le mineur «en se filmant, le questionnant sur sa religion (...) tout en proférant des injures à caractère antisémite et en crachant en leur direction».

Arié Engelberg a aussi relaté que son agresseur lui avait demandé s'il était juif: «J'ai répondu oui» et «il a commencé à dire 'tous les Juifs sont des fils de...'». Le jeune homme, sans formation particulière, est «impliqué dans trois procédures judiciaires, conduites entre octobre 2024 et décembre 2024, pour des faits de trafics de stupéfiants et de violences volontaires sur personnes dépositaires de l'autorité publique à Marseille (sud), et de vol aggravé» à Orléans, a aussi précisé le communiqué. A chaque fois, «il a déclaré une identité différente».

L'adolescent avait par ailleurs «refusé de se soumettre aux relevés signalétiques et aux prélèvements biologiques permettant son identification, avant de s'y soumettre», ce pour quoi il sera aussi poursuivi. L'agression avait suscité une vive émotion dans la ville, plus d'un millier de personnes s'étaient rassemblées 48 heures après les faits «en soutien au rabbin» et pour «dénoncer l'antisémitisme». En 2024, un total de 1.570 actes antisémites ont été recensés en France, selon le ministère de l'Intérieur. Le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) avait déploré en janvier un niveau «historique» de ces attaques, avec une «explosion» après le 7 octobre 2023, date de l'attaque sans précédent du Hamas en Israël.

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la