«Tôt ou tard, il y aura une guerre chaude»
Un expert de la situation au Proche-Orient réagit à l'escalade des tensions entre Israël et l'Iran

Reinhard Schulze, expert de la situation au Proche-Orient, ne s'attend pas à une escalade des tensions entre Israël et l'Iran pour le moment – mais ses prédictions sont plus pessimistes à long terme.
Publié: 21.04.2024 à 14:22 heures
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Reinhard Schulze, expert du Proche-Orient, ne s'attend pas à une escalade entre Jérusalem et Téhéran pour le moment – mais à long terme.
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Raphael Rauch

Après une semaine d'escalade au plus haut au Moyen-Orient entre l'Iran et Israël, les tensions ont semblé samedi redescendre d'un cran après l'attaque de représailles attribuée à Israël vendredi. L'islamologue Reinhard Schulze dirige le Forum Islam et Proche-Orient à l'université de Berne et confirme cette impression à court terme… mais la suite pourrait être bien différente.

Reinhard Schulze, comment jugez-vous la réaction d'Israël à l'attaque iranienne?
C'est comme une montée des tensions en escalier: Israël a franchi une première étape, relativement mesurée. Elle était conçue de manière à ce que l'Iran ne se sente pas immédiatement obligé de réagir vivement.

L'Iran peut-il sérieusement mettre Israël en danger?
Les forces militaires iraniennes se composent des trois branches régulières de l'armée, soit environ 450'000 hommes, ainsi que d'unités des Gardiens de la révolution, qui comptent désormais peut-être 150'000 hommes. Comme il ne faut pas s'attendre à une confrontation directe sur terre, ce sont les forces aériennes qui supporteraient l'essentiel de la charge – dans ce domaine, Israël est clairement supérieur.

Comment la Russie se comporte-t-elle vis-à-vis de l'Iran?
Ces derniers jours, le régime russe a mis de plus en plus clairement en avant son alliance avec l'Iran et a soutenu, voire approuvé, ses actions. L'étroite coopération militaire de la Russie avec l'Iran revêt une importance stratégique considérable pour Moscou. La Russie s'assure ainsi un périmètre stratégique au Proche-Orient, qui pourrait jouer un rôle important dans l'extension éventuelle de sa politique de guerre contre l'Occident.

A quelle évolution vous attendez-vous dans les prochaines semaines?
C'est difficile à estimer. Il y a trop d'inconnues. Il y a toutefois de bonnes raisons de penser qu'à plus ou moins long terme, le conflit politico-idéologique entre l'Iran et Israël se transformera en une guerre chaude. Cela tient surtout du fait que l'Iran a fait de la récupération de Jérusalem pour le monde musulman un fil conducteur de son nationalisme expansionniste.

Israël ne le permettra pas.
Israël voit essentiellement en l'Iran un danger pour sa propre sécurité. Le programme nationaliste du gouvernement de Benjamin Netanyahu ne concerne pas directement l'Iran, mais plutôt les territoires palestiniens. Etant donné que l'Iran tente de consolider son hégémonie sur les préoccupations des Palestiniens, un deuxième niveau de confrontation directe entre Israël et l'Iran menace naturellement d'apparaître ici.

Que pensez-vous de l'abstention de la Suisse au Conseil de sécurité de l'ONU sur la question de savoir si la Palestine doit devenir membre à part entière de l'ONU?
Il y a de bonnes raisons de penser qu'une adhésion à part entière favoriserait les possibilités de paix: Israël pourrait par exemple négocier avec la Palestine l'avenir de Gaza au niveau interétatique en toute sécurité juridique. Mais il existe aussi des contre-arguments. Néanmoins, une position ferme pourrait être plus utile. Une approbation malgré certains risques serait plus courageuse.

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