Donald Trump, victime dimanche d'une deuxième tentative d'assassinat présumée, repart en campagne mardi en accusant Kamala Harris d'inciter à la violence contre lui, au moment où la candidate démocrate semble reprendre un léger élan dans les sondages.
La vice-présidente, en déplacement en Pennsylvanie pendant que son adversaire est attendu dans le Michigan – deux Etats-clé pour l'élection du 5 décembre – a appelé l'ancien président «pour lui dire directement qu'elle était heureuse qu'il soit sain et sauf», a indiqué un responsable de la Maison Blanche. La conversation a été «cordiale et brève», selon la même source.
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A cause de la «gauche communiste»
«Je lui ai dit ce que j'avais déjà déclaré publiquement: il n'y a pas de place pour la violence dans notre pays. (...) Nous pouvons et devons avoir des débats sains, des discussions et des différends mais sans recourir à la violence», a ensuite rapporté la démocrate de 59 ans lors d'un entretien à Philadelphie avec trois reporters d'une association de journalistes noirs (NABJ).
Pour Donald Trump, le suspect arrêté dimanche en Floride pour la tentative d'assassinat présumée à son encontre, «adhérait au discours de Biden et Harris et a agi en conséquence». «A cause de ce discours de la gauche communiste, les balles sifflent et cela ne va faire qu'empirer», selon le républicain de 78 ans.
Les sondages en faveur d'Harris
Le milliardaire doit participer mardi à une réunion publique à Flint, ville laissée exsangue par la crise de l'industrie automobile, et tristement célèbre pour avoir connu un immense scandale de contamination de l'eau potable au plomb.
Donald Trump et Kamala Harris sillonnent les six ou sept «swing states», les Etats pivots, alors que la démocrate semble bénéficier d'un léger ascendant dans les sondages depuis le débat du 10 septembre, lors duquel elle a de l'avis général dominé son adversaire.
«Si nous regardons les sondages conduits après le débat et ceux menés avant, la dynamique en faveur de Harris est claire», écrit mardi un spécialiste du site Five Thirty Eight, qui agrège et analyse de nombreuses enquêtes d'opinion, en signalant toutefois que cette tendance était précaire.
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Billie Eilish et Taylor Swift en soutien
Le même site note aussi que, pour la première fois depuis juillet 2021, Kamala Harris engrange autant d'opinions favorables que défavorables (46,6%) alors que jusqu'à récemment les avis négatifs dominaient largement.
La candidate, déjà soutenue par la star Taylor Swift, a reçu mardi le soutien d'une artiste pop immensément populaire, Billie Eilish. La chanteuse, dans un message à destination de ses 119 millions d'abonnés sur Instagram, qui a rapidement récolté plus d'un million de «likes», déclare qu'elle votera pour la démocrate et son colistier Tim Walz «parce qu'ils se battent pour protéger notre liberté reproductive, notre planète et notre démocratie».
Dans son interview à Philadelphie, Kamala Harris a condamné le rôle de Donald Trump dans la propagation de fausses informations concernant des migrants haïtiens qui mangeraient des chiens et des chats dans une petite ville de l'Ohio, Springfield.
Des discours haineux
«C'est un véritable scandale», a déclaré la démocrate à propos des turbulences qui secouent depuis la localité, où les alertes à la bombe et les fermetures de lieux publics se succèdent. «On ne peut pas se voir confier la responsabilité d'être président des Etats-Unis quand on participe à ce genre de discours haineux.»
Kamala Harris, qui a fait de la défense du droit à l'avortement l'un des grands axes de sa campagne, a aussi déploré le sort «tragique» d'une femme de 28 ans, morte à l'hôpital en Géorgie après que les médecins lui aient refusé des soins à cause d'une loi interdisant les interruptions volontaires de grossesse. Selon le média ProPublica, il s'agit du premier décès officiellement décrété «évitable» depuis que la Cour suprême, modelée par Donald Trump, a mis fin en 2022 à une jurisprudence qui protégeait le droit à l'avortement sur tout le territoire.
Une campagne sous haute tension
La tension autour de cette campagne déjà hors normes est encore montée d'un cran dimanche. Donald Trump avait déjà réchappé en juillet à une tentative d'assassinat, lorsqu'un tireur avait ouvert le feu pendant un meeting en Pennsylvanie.
Il se trouvait dimanche après-midi sur le parcours de son club de golf en Floride (sud), quand plusieurs agents du Secret Service ont «ouvert le feu sur un homme armé» qui se trouvait près du bord du terrain. L'homme a été identifié par la suite comme étant Ryan Routh. Cet Américain de 58 ans, muni d'un fusil à lunette et de matériel d'enregistrement vidéo, mais qui selon la police n'a pas tiré sur Donald Trump, a pris la fuite avant d'être arrêté un peu plus tard.