Voilà un incident qui pourrait encore faire monter la tension dans une région en guerre. Un avion de chasse russe a percuté mardi un drone américain au-dessus de la mer Noire, provoquant sa destruction.
«Notre drone MQ-9 effectuait des opérations de routine dans l'espace aérien international quand il a été intercepté et percuté par un avion russe, entraînant le crash et la perte du MQ-9», a déclaré le général James Hecker, commandant des forces aériennes américaines en Europe, confirmant des informations révélées plus tôt par l'AFP sur un incident impliquant un Reaper en mer Noire.
C'est la première fois depuis le début de l'invasion russe du territoire ukrainien le 24 février 2022 qu'un pays de l'OTAN, soutien de l'Ukraine, reconnaît perdre un équipement opéré par lui-même dans cette région hautement inflammable.
«Il s'agit d'un acte dangereux et non professionnel de la part des Russes», a souligné le haut gradé, en ajoutant que «les drones des États-Unis et des alliés continueront à opérer dans l'espace aérien international», et appelant les Russes à «se comporter de manière professionnelle».
«Les actions agressives des équipages russes pourraient aboutir à des erreurs de calcul et une escalade involontaire», insiste l'armée américaine dans le même communiqué.
Au large d'Odessa
La collision semble avoir eu lieu dans l'espace aérien au large de la ville ukrainienne d'Odessa, d'après l'Institut naval américain. Selon le site FlightRadar24, un avion de reconnaissance maritime P-8A Poseidon volait en cercle au large des côtes roumaines après avoir décollé de la base aérienne de Sigonella, en Italie.
Un porte-parole de la Maison Blanche, John Kirby, a dénoncé un «acte irréfléchi» de la part des Russes, notant qu'il y avait déjà eu dans le passé des interceptions de drones américains par des avions russes, mais que cet incident était «unique» dans la mesure où il avait abouti à la perte du Reaper. Mardi à 18h GMT (19h en Suisse), les autorités russes n'avaient pas réagi à ces informations.
Le ciel de la mer Noire est le théâtre de très régulières interactions entre des drones et des aéronefs des pays de l'OTAN et les forces armées russes, en particulier depuis le début de la guerre en Ukraine.
«Avec la crise actuelle, on a une augmentation du nombre de vecteurs de reconnaissance vers la Crimée, avec du Reaper, que l'on n'avait pas avant. Et en fonction de la situation, cela peut énerver les Russes. D'autant qu'il y a eu des activités de recueils (nbdlr: d'informations) occidentaux qui participent au ciblage pour l'Ukraine», souligne un expert français sous couvert d'anonymat.
Les alliés occidentaux de l'Ukraine, qui livrent depuis le début du conflit des armements à Kiev pour l'aider à se défendre, ne sont pas directement impliqués sur le territoire ukrainien, de crainte d'une escalade avec la puissance nucléaire russe. Ainsi, «il est possible que les canaux diplomatiques atténuent l'événement», a estimé une source militaire occidentale.
Un appareil de pointe
Le drone Reaper, fabriqué par la société américaine General Atomics, est un aéronef piloté à distance de type MALE (moyenne altitude longue endurance), équipé de capteurs embarqués ultra-modernes (boule optronique et radar) pour mener des opérations de surveillance à une vitesse de croisière de 335 km/h.
D'une envergure de 20 mètres, il bénéficie d'une autonomie de plus de 24 heures de vol. Il peut emporter plusieurs types d'armement: bombes à guidage laser et/ou GPS (GBU) ou missiles Hellfire. Son équipage au sol est composé de deux personnes.
Outre les États-Unis, plusieurs armées européennes comptent des drones Reaper dans leur flotte, dont les Britanniques, les Italiens, les Français et les Espagnols.
(ATS)