Téhéran dévoile ses cibles potentielles et fait redouter un nouveau 7 octobre
«Israël n'est pas assez fort pour résister à la guerre qui l'attend»

Des sites militaires, mais aussi de nombreux sites civils: l'Iran a publié une liste de cibles potentielles qui seront agressées lors de l'attaque de représailles probablement imminente. Israël s'attend à un raid similaire à celui du 7 octobre.
Publié: 07.08.2024 à 06:04 heures
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Dernière mise à jour: 07.08.2024 à 06:42 heures
Exercice des Iraniens dans le Golfe persique: l'attaque devrait bientôt avoir lieu.
Photo: IMAGO/ZUMA Wire
Guido Felder

La situation au Proche-Orient est plus que tendue. À tout moment, l'Iran pourrait lancer une contre-attaque à l'encontre d'Israël, et cette fois-ci, on s'attend à ce qu'elle soit beaucoup plus violente que l'attaque du 13 avril. Lors de cette agression, bien que prévue, le système de défense israélien Iron Dome avait réussi à intercepter presque tous des plus de 300 roquettes, drones et missiles de croisière lancés.

Téhéran a de nouveau fait une annonce inquiétante: le portail d'informations defapress.ir, dirigé par les forces armées iraniennes, a publié lundi une liste de cibles potentielles en Israël.

La liste comprend des cibles dans tout le pays:

  • Des sites gouvernementaux et militaires: la liste comprend notamment le bâtiment du Parlement, la Knesset, le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu et le ministère de la Défense. Selon l'Institute for the Study of War (ISW), une attaque sur le ministère de la Défense pourrait déclencher une guerre majeure.

  • Des infrastructures énergétiques et économiques: des attaques sur les champs de pétrole et de gaz, les ports, les centrales électriques et les aéroports internationaux Ben Gourion, Haïfa et Ramon perturberaient gravement le commerce israélien et créeraient une grande panique parmi la population. Étant donné la densité de population dans ces zones, il y aurait probablement de nombreuses victimes civiles.

  • Des installations militaires: Ici, l'Iran vise surtout les bases aériennes.

Une stratégie annoncée

Selon l'ISW, l'annonce des cibles par l'Iran est parfaitement rationnelle, car elle pourrait contraindre Israël à répartir ses positions de défense antiaérienne et antimissile sur un vaste territoire. Cela offrirait aux agresseurs de plus grandes chances de réussites. 

Il faut s'attendre à ce que, contrairement au 13 avril, les frappes ne soient pas uniquement iraniennes, mais proviennent de davantage de fronts, notamment du Hezbollah au Liban, du Hamas dans la bande de Gaza, des Houthis au Yémen et des positions iraniennes en Syrie et en Irak. Le taux de réussite des Iraniens sera à coup sûr plus élevé cette fois-ci.

Le portail defapress.ir met en garde: «Israël est dans l'œil du cyclone et, bien qu'il dispose de nombreuses capacités militaires, de renseignement et technologiques ainsi que d'un soutien illimité de la part de ses alliés dans le monde entier, il n'est pas assez fort et sûr et ne dispose pas de suffisamment de personnel pour résister à une guerre sur plusieurs fronts.»

Incursion attendue comme le 7 octobre

Apparemment, Israël n'exclut pas un raid simultané comme celui du Hamas le 7 octobre. Les forces israéliennes ont déployé des troupes supplémentaires près de la ville arabe Tulkarem, au nord de Tel-Aviv. Vraisemblablement, une menace avait été reçue selon laquelle le Hamas et d'autres milices palestiniennes pouvaient pénétrer dans l'Etat hébreu depuis la Cisjordanie.

D'après plusieurs médias, la Russie pourrait également participer à l'attaque en fournissant à l'Iran des radars modernes et des équipements de défense aérienne; ceci en contrepartie des drones que le Kremlin reçoit pour sa guerre contre l'Ukraine.

Les Etats-Unis, qui ont déployé des navires de guerre supplémentaires, et les Etats du Proche-Orient tentent par tous les moyens d'éviter une guerre. Ils promettent notamment à Téhéran de reprendre les négociations sur le nucléaire, ce qui entraînerait un assouplissement des sanctions.

Crainte d'une guerre mondiale

Les représailles attendues sont une réaction à l'assassinat du chef du Hamas à l'étranger Ismaïl Haniyeh à Téhéran et du commandant du Hezbollah Fouad Chokr à Beyrouth. Le risque d'escalade est grand. Dan Smith, directeur de l'International Peace Research Institute (Sipri) à Stockholm, n'exclut pas l'utilisation d'armes nucléaires si Israël se sentait menacé dans son existence.

Les experts évoquent parfois le risque d'une Troisième Guerre mondiale. Dan Smith estime ce risque à «nettement moins de 10%». Il s'agit d'une guerre que personne ne souhaite. «Les grandes puissances n'aspirent pas à une destruction mutuelle», conclue l'expert pour Blick.

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