L'Ukraine a en plus affirmé dimanche être en passe d'isoler une partie des forces russes dans la région de Kherson, après y avoir détruit ou endommagé tous les ponts existants. «Limitez votre présence dans les rues d'Energodar! Nous avons reçu des informations sur de nouvelles provocations de la part des occupants» russes, a indiqué sur Telegram l'agence nucléaire ukrainienne Energoatom, republiant le message d'un dirigeant local d'Energodar - ville dans laquelle se trouve la centrale - resté loyal à Kiev.
«Selon les témoignages des habitants, des bombardements sont à nouveau en cours en direction de la centrale nucléaire de Zaporijjia (...). L'intervalle entre le départ et l'arrivée des tirs est de 3-5 secondes», a-t-il ajouté.
En fin de journée samedi, les renseignements militaires ukrainiens ont affirmé que «les occupants (russes) bombardent la centrale nucléaire (...) depuis le village de Vodiané, situé à proximité immédiate, sur la rive droite du Dniepr», le fleuve qui sépare les zones aux mains des Russes de celles contrôlées par les autorités ukrainiennes.
L'une des frappes a endommagé une unité de pompage et une autre «a entraîné la destruction partielle du service d'incendie responsable de la sécurité de la centrale nucléaire», selon un communiqué des renseignements militaires qui accusent également les forces russes de «préparer des provocations sous drapeau ukrainien».
De leur côté, les autorités d'occupation installées par la Russie dans les zones qu'elle a conquises dans la région de Zaporijjia ont sans surprise accusé les forces ukrainiennes d'être à l'origine de ces tirs.
«Chantage» nucléaire
«Energodar et la centrale nucléaire de Zaporijjia sont à nouveau sous le feu des militants (du président ukrainien Volodymyr) Zelensky», a déclaré sur Telegram un membre de l'administration militaire et civile prorusse, Vladimir Rogov. Les projectiles sont tombés «dans des zones situées sur les berges du Dniepr et dans la centrale», a-t-il affirmé, sans faire état de victime ni de dégâts.
Dans son allocution quotidienne, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dénoncé un «chantage russe» autour du site nucléaire. «Les occupants essaient d'intimider les gens de façon extrêmement cynique en utilisant la centrale nucléaire de Zaporijjia, a dit le président qui affirme que les forces russes se «cachent» derrière la centrale pour bombarder les villes sous contrôle ukrainien de Nikopol et Marganets.
«Chaque jour passé par le contingent russe sur le territoire de la centrale nucléaire de Zaporijjia et les régions voisines accroît la menace nucléaire pour l'Europe», a-t-il averti, appelant à «de nouvelles sanctions contre la Russie» afin de «bloquer l'industrie nucléaire russe».
Plusieurs bombardements, dont les deux parties s'accusent mutuellement, ont visé la centrale de Zaporijjia depuis la semaine dernière, faisant craindre une catastrophe nucléaire et provoquant jeudi une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU. Les premières frappes, le 5 août, ont notamment touché un transformateur de ligne électrique haute tension, entraînant l'arrêt automatique du réacteur n°3 de la plus grande centrale nucléaire d'Europe et le démarrage de ses groupes électrogènes de secours.
Démilitarisation
Les dernières frappes en date, jeudi, avaient endommagé une station de pompage et des capteurs de mesure de la radioactivité. Les autorités ukrainiennes, soutenues par leurs alliés occidentaux, appellent à la démilitarisation de la zone et au retrait des troupes russes qui occupent le site depuis mars.
Dans le Sud de l'Ukraine, où Kiev mène depuis plusieurs jours une contre-attaque, un député régional, Serguiï Khlan, a affirmé dimanche matin que «les seuls moyens de traverser le fleuve pour l'occupant sont des pontons près du pont Antonivski mais ils ne pourront pas totalement répondre à leurs besoins.»
Selon lui, «la Russie transfère ses centres de commandement de la rive droite du fleuve vers la gauche, consciente qu'en cas d'escalade, ils ne pourront pas être évacués à temps.» Il a estimé à 20'000 le nombre de soldats russes présents sur la rive droite du fleuve et précisé qu'ils peuvent toujours «traverser les ponts abimés à pied».
Les troupes russes se sont emparées au début de l'invasion de l'Ukraine de Kherson, sur le fleuve Dnipro, la seule capitale régionale qu'elles ont jusqu'à présent réussi à conquérir.
(AFP)