Les autorités talibanes ont décrété que mercredi serait une journée de fête nationale pour célébrer la fin de la guerre. Des guirlandes lumineuses vertes, bleues ou encore rouges illuminaient des avenues de la capitale dès mardi soir, même si le gouvernement n'a pour l'instant annoncé aucune célébration officielle à Kaboul.
Le 30 août 2021, une minute avant minuit, le dernier soldat américain s'envolait de l'aéroport de Kaboul avec 24 heures d'avance sur la date butoir fixée par le président américain Joe Biden pour le retrait des troupes du pays.
«Nous sommes heureux qu'Allah se soit débarrassé des infidèles de notre pays, et que l'Emirat islamique (les talibans) ait été établi», a déclaré à l'AFP Zalmai, pharmacien à Kaboul. «Cela a prouvé une fois de plus que ces infidèles ne peuvent pas s'unir contre les musulmans», a ajouté le commerçant.
Une guerre meurtrière
Le retrait des troupes il y a un an a mis fin à la plus longue intervention militaire des Etats-Unis, débutée en réaction à l'attaque du 11 septembre 2001. Elle a coûté la vie à plus de 2400 soldats américains, selon l'armée américaine.
«Le poids de la guerre en Afghanistan a dépassé les frontières américaines», a indiqué l'armée américaine mardi dans un communiqué, ajoutant que plus de 3500 soldats des autres pays de l'OTAN avaient également été tués. D'innombrables Afghans ont aussi «risqué leur vie et celles de leur famille pour servir à nos côtés», a-t-elle ajouté. Des dizaines de milliers d'Afghans ont été tués pendant la guerre.
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«Seuls les Afghans ont la fierté de vaincre trois empires en un siècle», «Protéger la liberté est obligatoire»: pouvait-on lire dès mardi sur des bannières accrochées dans Kaboul où flottaient des drapeaux blancs des talibans portant la déclaration de foi islamique.
Grave crise humanitaire
Deux semaines avant le retrait des troupes, les talibans avaient pris le pouvoir au cours d'une offensive éclair menée sur tout le territoire contre les anciennes forces gouvernementales. L'assaut avait conduit au chaos. Une foule de personnes s'était précipitée à l'aéroport de la capitale afghane pour être évacuées hors du pays sur n'importe quel vol.
Les images des habitants prenant d'assaut l'aéroport et grimpant sur des avions stationnés sur le tarmac, ou tentant de s'agripper à un avion-cargo de l'armée américaine en train de décoller ont fait le tour du monde.
Depuis, les 38 millions d'Afghans sont confrontés à l'une des pires crises humanitaires dans le monde, selon les Nations unies. La situation n'a fait qu'empirer après que les versements de milliards de dollars d'aides étrangères qui avaient soutenu l'économie afghane pendant des décennies ont été soudainement interrompues avec le retrait des troupes américaines.
Les femmes exclues
Les difficultés des Afghans, en particulier des femmes se sont accrues. Très vite et en dépit de leur promesse initiale, les nouveaux maîtres du pays sont largement revenus à l'interprétation ultra-rigoriste de l'islam qui avait caractérisé leur premier passage au pouvoir entre 1996 et 2001, restreignant fortement les droits des femmes.
Les écoles secondaires pour les filles ont été fermées dans de nombreuses provinces et les femmes exclues de nombreux emplois publics. Elles ont également reçu l'ordre de se couvrir entièrement en public, idéalement avec une burqa intégrale.
«J'avais l'habitude de travailler et maintenant je suis assise à la maison sans emploi. Notre avenir est en danger à cause du manque d'éducation et d'emplois», a déclaré Oranoos Omerzai, une habitante de Kandahar, berceau historique et centre du pouvoir taliban.
Mais pour le porte-parole du gouvernement Zabihullah Mujahid, la situation générale s'est améliorée sous leur règne. «Les Afghans ne sont plus tués à la guerre, les forces étrangères se sont retirées et la sécurité s'est améliorée», a déclaré Mujahid aux journalistes il y a une semaine.
(ATS)