Trump, le grand pacificateur! C'est apparemment dans ce rôle plus qu'inatendu qu'il se verrait s'il était réélu président des Etats-Unis en novembre. Comme le rapporte le «Washington Post», il aurait un «plan secret» pour mettre fin à la guerre en Ukraine en 24 heures.
Selon le journal, Trump aurait déclaré lors de conversations privées qu'il ferait pression sur Kiev pour qu'elle cède à la Russie la Crimée occupée et la région frontalière du Donbass. Le moyen de pression du candidat à la présidence est connu: il laisserait se tarir les livraisons d'armes dont l'Ukraine est tributaire. Trump parviendrait-il vraiment à instaurer la paix? Les avis des experts sont surprenants.
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Ralph D. Thiele: «Ce plan n'est pas impossible»
Ralph D. Thiele, président de la société politico-militaire allemande et président d'EuroDefense Allemagne, estime que le plan de Trump n'est «pas impossible», notamment s'il est abordé par la puissance mondiale que sont les Etats-Unis. Si la guerre se poursuit comme c'est le cas à présent, tous les participants «subiraient de grands dommages». «Trump n'a pas peur des contacts. C'est un faiseur de deals et il impose à Poutine non seulement des sanctions, mais il lui propose aussi des avantages», assure Ralph D. Thiele.
En raison de sa faible expérience en matière de politique de sécurité, Trump pourrait, dans certaines circonstances, faire d'importantes réserves stratégiques de ses conseillers. «C'est une opportunité considérable pour les Poutine, Kim et Xi de ce monde, qu'ils ne manqueront pas de saisir en tant qu'acteurs avertis.»
Ulrich Schmid: «Une affirmation de propagande»
Trump avait déjà affirmé par le passé que sous sa présidence, la Russie n'aurait pas attaqué l'Ukraine. «C'est toutefois très douteux», déclare Ulrich Schmid, expert de la Russie à l'Université de Saint-Gall. «Le fait qu'il dise maintenant à plusieurs reprises qu'il pourrait mettre fin à la guerre en 24 heures est une affirmation de propagande qui doit être vue dans le contexte de sa lutte pour un retour à la Maison Blanche.»
Selon lui, le «deal terre contre paix» de Trump n'est ni nouveau ni prometteur, car il n'aurait aucune chance politique en Ukraine et récompenserait le Kremlin pour ses agressions militaires. Ulrich Schmid: «Trump surestime ses possibilités en tant que faiseur de deals.»
Claudia Brühwiler: «Trump tolérerait-il d'autres annexions?»
Claudia Brühwiler, experte des Etats-Unis à l'Université de Saint-Gall, voit bien l'ex-magnat de l'immobilier dégainer un tel plan s'il est élu: «Trump flirte avec cette stratégie parce qu'il veut détacher la Russie du cercle d'influence chinois.»
Pour elle, ce scénario serait un triomphe pour Poutine, car le Kremlin pourrait céder «pour sauver la face» et enregistrer en même temps d'importants gains de territoire. Claudia Brühwiler ajoute: «La question se poserait de savoir si les Etats-Unis toléreraient aussi simplement l'annexion de territoires par d'autres puissances. Le rôle des États-Unis en tant que gendarme international est ainsi en jeu.»
Thomas Jäger: «Trump n'a absolument aucune influence sur la Russie»
Thomas Jäger, professeur de politique internationale à l'Université de Cologne, ne croit pas au projet de Trump. Selon lui, l'idée échouerait à cause des objectifs russes et de la volonté de défense ukrainienne. «Mais surtout, Trump n'a absolument aucune influence sur la Russie, qui ne peut pas être satisfaite de l'annexion de la Crimée et du Donbass.» Selon lui, la Russie ne se bat pas pour des terres, mais pour la domination politique en Europe. Trump n'aurait aucune possibilité de détourner Poutine de cet objectif.
Mykola Makhortykh: «Seul Poutine peut arrêter la guerre en 24 heures»
Pour l'Ukrainien Mykola Makhortykh, expert en désinformation russe à l'Université de Berne, une cession de territoire est inacceptable. «Elle n'annule pas seulement tous les sacrifices du peuple ukrainien, elle encourage aussi la poursuite du conflit. Elle montrerait que la Russie peut attaquer son voisin, détruire son économie, pousser des millions de personnes à l'exode, commettre de nombreux crimes de guerre et s'en tirer.»
Il doit y avoir une paix durable qui garantisse que la Russie n'attaquera plus l'Ukraine. La seule personne capable d'assurer la paix en 24 heures? Poutine lui-même.
Marcel Berni: «Une manœuvre électorale»
Marcel Berni, expert militaire à l'EPFZ, considère le plan de Trump avant tout comme une manœuvre électorale visant à offrir une alternative claire au gouvernement Biden. En faisant d'ores et déjà de telles concessions à la Russie, Trump sape toutefois une possible solution plus équilibrée. «En outre, la démarche de Trump risque de saper encore davantage la crédibilité des Etats-Unis, voire de l'Occident», conclut Marcel Berni.