Après le succès de la contre-offensive, les Ukrainiens gardent espoir dans la lutte contre l'armée de Vladimir Poutine: ils sont même optimistes quant à l'avenir. C'est également ce que laisse entendre Oleksiy Arestovych. Il est l'un des plus proches conseillers militaires du président ukrainien Volodymyr Zelensky. Dans une interview accordée à «Bild», il déclare: «Je pense que la guerre ne durera pas plus longtemps que l'été 2023.»
De son côté, le chef du Kremlin mobilise selon ses propres indications près de 300'000 réservistes pour combattre l'Ukraine. Il a en outre de nouveau menacé d'utiliser des armes nucléaires. Ces mesures font-elles peur aux Ukrainiens? Selon Oleksiy Arestovych, plutôt pas: «Je ne vois pas de stratégie gagnante pour Poutine.»
Poutine blufferait avec le nucléaire
Dans les régions que Poutine veut désormais annexer, les forces armées ukrainiennes sont toujours à l'offensive. Vers Kherson, on opère actuellement avec de l'artillerie à longue portée, rapporte Oleksiy Arestovych. A Kharkiv et Donetsk, c'est la ville de Liman qui est visée. «Nous y poursuivons notre offensive et avons presque encerclé les forces russes», explique le conseiller militaire. L'attaque des Russes a également été stoppée à Bakhmout.
Oleksiy Arestovych s'attend à ce que Poutine envoie de nombreuses troupes pour défendre les territoires après l'annexion, qui devrait avoir lieu vendredi. Il considère en revanche la menace d'utiliser des armes nucléaires comme étant du bluff: «Ils veulent nous faire peur et entamer des négociations», déclare-t-il à «Bild».
«Un boxeur professionnel contre un écolier»
Pour le conseiller de Zelensky, il est clair que Poutine veut en premier lieu rouler des mécaniques en mettant en avant la grande quantité de soldats qu'il envoie actuellement en Ukraine. Au vu des personnes mobilisées, Oleksiy Arestovych se montre pourtant sûr de sa victoire: «L'anéantissement de ces forces particulières ne nous sera pas difficile.»
Les nouveaux soldats sont à peine formés et mal équipés. Sur le champ de bataille, c'est «comme si un boxeur professionnel se battait contre un écolier». Certains des soldats de réserve sont déjà dans la région de Kharkiv - et y ont déjà laissé leur vie. Selon l'estimation d'Oleksiy Arestovych, l'armée ukrainienne en aurait déjà tué «des dizaines».
Un soldat de réserve capturé au bout de six jours
L'expert militaire ukrainien et membre de l'armée Oleh Chdanov voit lui aussi plus de faiblesses que d'avantages dans la mobilisation partielle de Poutine, comme il l'explique au Blick. «D'un point de vue militaire, je suis parti du principe que la première vague de Russes mobilisés pourrait apparaître sur le front dans les deux semaines.» Un soldat aurait ainsi suffisamment de temps pour au moins rafraîchir ses bases.
Mais cela n'a pas été le cas, rapporte Oleh Chdanov: «La Russie a agi de manière illogique. Les premiers soldats mobilisés étaient déjà sur le front trois jours après l'annonce de Poutine.» Selon lui, cela avait déjà conduit à une capture étonnante: Les troupes ukrainiennes ont intercepté un homme de Moscou six jours seulement après qu'il ait reçu sa convocation. «Six jours!, s'exclame l'expert. Et il s'est déjà rendu.»
L'armée ukrainienne se prépare cependant à un assaut plus important. Même si les nouveaux venus sur le champ de bataille ne sont pas bien entraînés, il ne s'agit pas de les sous-estimer, explique l'expert militaire au Blick. C'est surtout une supériorité numérique qui pourrait constituer un défi. Selon Oleh Chdanov, il faudra encore attendre au moins deux semaines avant que la première grande vague de nouveaux soldats ne quitte la Russie.
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L'Ukraine peut mobiliser d'autres soldats
Poutine n'est pas le seul à pouvoir augmenter le nombre de ses forces armées. L'Ukraine peut en principe le faire aussi, explique Oleh Chdanov: «Nous avons actuellement environ 900'000 membres des forces de sécurité et de défense qui sont en mission armée. Nous sommes désormais en mesure de mobiliser environ la même quantité de personnes supplémentaires.»
Mais ces personnes ne sont pas appelées pour le moment. Pourquoi pas? «Parce que nous n'avons pas assez d'armes, répond Oleh Chdanov. Doivent-ils rester dans les centres de formation et attendre simplement qu'un missile russe leur tombe dessus?» L'expert ukrainiens préfère y renoncer. «Mais si nous avions suffisamment d'armes lourdes, nous pourrions former des brigades supplémentaires.» Des armes supplémentaires pourraient alors donner un élan extrême à la contre-offensive ukrainienne, estime Oleh Chdanov: «Avec cela, nous pourrions libérer aujourd'hui tous les territoires ukrainiens - y compris la Crimée et le Donbass.»
(Adaptation par Lliana Doudot)