Sanctions sur les exportations
La guerre en Ukraine assombrit l'avenir de l'industrie suisse

Malgré de bons chiffres de reprise, l'industrie helvétique doit maintenant faire face aux conséquences de la guerre en Ukraine. Entre les collaborateurs appelés au front et les sanctions de l'Occident sur les exportations, le secteur craint un avenir sombre.
Publié: 01.03.2022 à 06:02 heures
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Dernière mise à jour: 01.03.2022 à 11:25 heures
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L'industrie suisse mécanique est en plein essor.
Photo: Bloomberg via Getty Images
Fabio Giger

Depuis l'invasion de leur pays par la Russie, beaucoup d'Ukrainiens ne travaillent plus à l'usine. Certains ont pris les armes pour défendre leur patrie. Loin de se cantonner aux nations concernées, les conséquences de cette attaque militaire ont des répercussions jusque dans le secteur industriel helvétique.

«Je connais quelques entreprises suisses qui ont cessé leurs activités dans les usines ukrainiennes», affirme Martin Hirzel, président de Swissmem, l’Association de l’industrie suisse des machines, des équipements électriques et des métaux.

Les PME suisses aident leurs collaborateurs

Lors de la conférence de presse annuelle de Swissmem, le conflit ukrainien a été au cœur des discussions. Les responsables industriels prévoient des difficultés économiques pour la branche, bien qu'elles restent pour le moment en arrière-plan. «Compte tenu de la guerre en Ukraine, les plus grandes préoccupations concernent actuellement les collaborateurs sur place», explique Stefan Brupbacher, le directeur de l'association professionnelle.

L'une des questions de premier plan est de venir en aide aux personnes touchées par le conflit en Ukraine. Les PME seraient en contact permanent avec les familles de ces dernières. «Elles continuent à payer les salaires, même si les gens ne peuvent pas travailler actuellement», détaille Martin Hirzel.

Après l'invasion russe, l'Occident a adopté diverses sanctions à l'encontre de la Russie. La Suisse a d'ailleurs repris lundi toutes les mesures énoncées par l'Union européenne, a annoncé Ignazio Cassis lors d'une conférence de presse extraordinaire.

Dirigées principalement contre la Russie, les interdictions d'exportation concernent également l'industrie suisse. «Nous comprenons et soutenons cette décision», a assuré le président de Swissmem.

Des perspectives d'avenir peu reluisantes

Les sanctions décidées par l'Union européenne et la Suisse devraient coûter environ 900 millions de francs aux entreprises membres de Swissmem. C'est le montant que représentent les exportations vers l'Ukraine et la Russie en 2021. D'après l'association, cela correspond à 1,3% des exportations totales de la branche.

Comme tout conflit, la guerre russo-ukrainienne a un impact négatif sur certaines branches de l'économie. Les incertitudes et l'instabilité qu'elle provoque affaiblissent les demandes des investisseurs et assombrissent l'avenir de la branche industrielle suisse. En plus de la menace d'un ralentissement de l'économie mondiale, une réévaluation du franc suisse pourrait également être envisagée. Pour parfaire ce tableau négatif, la hausse des prix de l'énergie et des matières premières pourrait peser sur les marges bénéficiaires.

Les difficultés d'approvisionnement persistent

La guerre en Ukraine frappe l'industrie suisse alors même que cette dernière était en pleine phase de reprise. Les chiffres des entreprises ont été solides sur l'ensemble de l'année 2021. Pour la première fois, les chiffres d'affaires du quatrième trimestre ont dépassé ceux d'avant la pandémie. Cette tendance à la hausse devrait se prolonger au moins pour les prochains mois: les carnets de commande du secteur sont pleins.

Malgré ces bons augures, l'ombre de la guerre en Ukraine et de la pandémie pousse Swissmem à la prudence. Lors de leur conférence de presse, les professionnels se sont dit prêts à faire face à des difficultés, telles que les goulots d'étranglement dans les livraisons. Ils devraient continuer d'occuper les entreprises industrielles suisses au moins jusqu'à la fin de l'année 2022.

(Adaptation par Louise Maksimovic)

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