Il était autrefois le nazi le plus recherché au monde. L'officier SS Alois Brunner est considéré comme le principal responsable de plus de 100'000 exécutions de personnes juives pendant la Seconde Guerre mondiale. Après la fin de la guerre, ce cerveau de l'Holocauste s'est réfugié en Syrie, où il a vécu pendant des années comme invité sous le régime du clan Assad.
Là-bas, le criminel de guerre a continué à sévir, enseignant notamment au régime et aux services secrets syriens des méthodes de torture brutales. Il a aussi contribué à mettre en place un système visant à briser systématiquement toute forme de révolte.
Répression et cloisonnement
Les enseignements d'Alois Brunner étaient axés sur une répression extrême. Un élément central de sa méthode: le cloisonnement des prisonniers. «C'est un complexe divisé en de nombreux départements qui se surveillent et s'espionnent mutuellement», décrivent les journalistes d'investigation de la plateforme française «Revue XXI» pour expliquer son fonctionnement.
A cela s'ajoutaient des méthodes de torture cruelles dans les «trous d'enfer» du régime. L'officier nazi a notamment mis en œuvre la méthode de torture dite de «la chaise allemande», un banc de torture qui consiste à étirer de façon ignoble la colonne vertébrale de la victime.
En contrepartie, Alois Brunner a d'abord bénéficié de la protection totale de Hafez al-Assad, père du dictateur déchu. En 2017, le magazine suisse «Reportagen» citait un ancien garde du corps du criminel de guerre: «Il s'est présenté comme un proche conseiller d'Adolf Hitler. Et aussitôt, il a été nommé conseiller présidentiel. On l'a envoyé à Wadi Barada, une base des services secrets. C'est là qu'il a entraîné tous les capitaines.» Brunner était «spécialiste de la torture». En raison de sa cruauté, il était surnommé «le limier».
En 1989, Simon Wiesenthal, survivant de l'Holocauste, a décrit dans ses mémoires ses rencontres avec Alois Brunner: «Parmi les criminels du Troisième Reich encore en vie, Alois Brunner est sans aucun doute le pire.»
Mort dans l'une des cellules d'Assad
Lorsqu'il vivait en Syrie, l'Autrichien ne cachait pas ses actes violents. Il a admis au «Chicago Sun Times» qu'il ne regrettait pas ses actes pendant la Seconde Guerre mondiale. «Toutes ces personnes méritaient de mourir. Ils étaient les agents du diable et des déchets humains. Je ne regrette rien et je le referais.»
Mais quand Alois Brunner a désobéi à l'ordre de ne pas donner d'interviews, la position de l'ancien officier s'est de plus en plus effritée. Il a fini par perdre complètement son statut de protection et a été emprisonné. Il est mort en 2001 en cellule, dans laquelle il s'est probablement suicidé.
Le criminel de guerre n'était pas le seul SS à séjourner en Syrie. «Beaucoup d'entre eux étaient directement employés par l'état-major syrien avec des contrats d'un an et conseillaient l'armée et les services secrets militaires», explique Noura Chalati du Leibniz Zentrum moderner Orient (Institut de recherche sur l'Orient moderne) à Berlin.