Après minuit, heure locale, de violents affrontements militaires ont éclaté entre les républiques du Caucase d’Azerbaïdjan et d’Arménie. Cette information a été confirmée par les deux camps.
«Mardi à 00h05 (20h05 GMT), l’Azerbaïdjan a lancé un bombardement intensif, avec de l’artillerie et des armes à feu de gros calibre, contre des positions militaires arméniennes en direction des villes de Goris, Sotk et Jermuk», a rapporté le ministère arménien de la Défense. Il a précisé dans un communiqué que l’Azerbaïdjan avait également utilisé des drones.
De son côté, le ministère azerbaïdjanais de la Défense a accusé l’Arménie d'«actes subversifs à grande échelle» près des districts de Dashkesan, Kelbajar et Lachin à la frontière, ajoutant que les positions de son armée «ont essuyé des tirs, notamment de mortiers de tranchée». «Il y a des pertes parmi les militaires (azerbaïdjanais)», a-t-il annoncé, sans donner de chiffres.
Invasion ciblée azerbaïdjanaise?
Selon des informations non confirmées, il pourrait s'agir d'une invasion ciblée de l'Azerbaïdjan. Depuis des années, l'Arménie et l'Azerbaïdjan se disputent le Haut-Karabakh. De fréquentes fusillades ont été signalées le long de leur frontière commune depuis la fin de la guerre de 2020 entre Erevan et Bakou au sujet de la région contestée.
Tôt mardi matin, le gouvernement arménien a annoncé que l'armée azerbaïdjanaise tentait de «pénétrer en territoire arménien», sans donner plus de précision. Erevan a ensuite évoqué au moins 49 morts dans ses rangs.
La Russie, qui revendique le rôle d'arbitre dans le Caucase, a annoncé avoir négocié un accord de cessez-le-feu en vigueur depuis 9h locales (8h suisses), ce qui n'a pas été confirmé à ce stade par les deux capitales.
Cette éruption de violence intervient alors que Moscou, qui a déployé une force de maintien de la paix dans la région après la guerre de 2020, a les mains occupées avec sa difficile offensive militaire en Ukraine.
Plus de 6500 morts en 2020
La semaine dernière, l’Arménie avait accusé l’Azerbaïdjan d’avoir tué l’un de ses soldats lors d’une fusillade à la frontière. En août, Bakou a déclaré avoir perdu un soldat et l’armée du Karabakh a fait savoir que deux de ses soldats avaient été tués et plus d’une douzaine blessés.
Les Etats-Unis qui se sont dits «extrêmement inquiets» concernant ces attaques rapportées, ont exhorté lundi à une cessation immédiate des combats.
Les pays voisins se sont livrés deux guerres – dans les années 1990 et en 2020 – dans la région du Haut-Karabakh, enclave azerbaïdjanaise peuplée d’Arméniens. Six semaines de combats à l’automne 2020 ont fait plus de 6500 morts et se sont soldées par un cessez-le-feu négocié par la Russie.
Trêve fragile
Dans le cadre de cet accord, l’Arménie a cédé des pans de territoire qu’elle contrôlait depuis des décennies et Moscou a déployé quelque 2000 casques bleus russes pour superviser la trêve fragile.
Lors de pourparlers sous médiation européenne à Bruxelles en mai et avril, le président azerbaïdjanais Ilham Aliev et le Premier ministre arménien Nikol Pachinian sont convenus de «faire avancer les discussions» sur un futur traité de paix.
Les séparatistes de l’ethnie arménienne du Haut-Karabakh se sont séparés de l’Azerbaïdjan lors de l’effondrement de l’Union soviétique en 1991. Le conflit qui s’en est suivi a fait environ 30’000 morts.
(AFP)